Alain Nadaud
Une aventure sentimentale
1999
Editions Verticales, 1999
Roman, 176 p.
Nous sommes au dix-septième siècle. Sommé de répondre aux avances d’une dame de la Cour, le narrateur se voit contraint de lui avouer qu’il n’est pas libre de ses sentiments, que depuis l’enfance son désir s’est porté vers un être énigmatique, dont il n’est nullement assuré d’être aimé en retour…
Passion, jalousie, trahison, dépit des promesses non tenues, retrouvailles tumultueuses constituent le lot de cette relation, sans qu’il soit jamais certain que l’être aimé puisse être une femme.
Qui d’autre alors ? Chaque phrase étant à double sens, on devinera peu à peu que cet amour est adressé à la figure métaphorique de l’écriture. Un désir dès lors forcément inassouvi, sans cesse déçu, et pour finir mortifère, car tout entier tendu vers ce qui serait le "corps" même, par définition insaisissable, de la lettre. Avec en toile de fond le Paris insurgé de la Fronde et dans une langue qui est par excellence celle des passions abstraites, il est enfin donné forme à ce qui, depuis que la littérature existe, demeure l’obsession d’innombrables écrivains.
Articles de presse
"Le romancier a eu l'occasion d'exprimer dans Malaise dans la littérature son inquiétude de voir l'écriture, cette mise à distance, ce questionnement du réel, abandonner son privilège d'indétermination pour se plier à la rationalisation marchande. De cet indispensable essai, composé sous l'invocation de la critique situationniste du spectacle, à un roman auquel le Paris de la Fronde sert de décor, il n'y a qu'un pas, mais ce pas est immense en ce qui concerne la beauté, le sens, la violence.
Alain Nadaud a trouvé le moyen d'exprimer très précisément ce que ses contemporains ne veulent pas entendre à propos de l'écriture. Borges disait que les tyrannies obligeaient à inventer des métaphores. La tyrannie dans laquelle nous vivons, tyrannie de l'adhésion, de la circulation et du temps réel, en suscite trop peu pour qu'on ne prenne pas celle-ci pour un signe. On ne nous aura pas vivants !"
Sébastien Lapaque, Le Figaro
"Le tour de force d'Alain Nadaud, avec un tel personnage, est de ne pas verser dans l'abstrait, de nous garder dans le domaine des sons, des odeurs, des étoffes et des carnations. Ses noces de chair et de papier avec l'Ecriture auront été, une fois de plus, fécondes."
Alain Nevez, Télérama
"Que je sache, c'est une des premières fois où un écrivain s'adresse à celle qu'il faut bien appeler sa partenaire. Une partenaire, comme nous le voyons dans le roman d'Alain Nadaud, bien difficile à vivre, à conquérir, à maîtriser…(…) Cette écriture toute puissante, compagne des humbles et des héros, des enfants et des dieux, l'auteur nous en montre avec un grand talent les visages multiples, abstraits et concrets. Il apporte ainsi à son œuvre un complément original qui est aussi un récit rare et de premier intérêt dans les Lettres d'aujourd'hui."
Pierre Gamarra, Europe
"Le livre de Nadaud n'est en aucune façon une condamnation et encore moins un procès déguisé de la littérature. Lui-même en est d'ailleurs épris au point qu'il a fait d'elle la figure principale autour de laquelle gravitent ses livres. Je tiens au contraire Une aventure sentimentale pour le plus bel hommage qu'on pouvait lui rendre : un portrait déchiré, qui en exalte la beauté, mais qui n'en est pas pour autant inattentif à ses lacunes, à ses mensonges et à ses pièges. Du grand art."
Christophe Van Rossom, Le Mensuel poétique et littéraire
Architexture
Pages en construction
La gestation de cette autobiographie fictive s'est étendue sur presque dix ans. J'en avais d'abord situé le propos à l'époque contemporaine, pour coller au plus près à la réalité. Mais ce qu’il y avait en germe dans le style, d’emblée très classique, avec un tour déjà XVIIe, et ce qui pouvait apparaître outrecuidant dans le propos m'ont incité à faire un détour et à en projeter le récit au temps de la Fronde. C'est ainsi que, sous l’influence du cardinal de Retz, les barricades de 1968 ont été remplacées par celles de 1648.
L'enjeu de ce livre se situe dans la lignée de "L'Armoire de bibliothèque" et de "Les Années mortes". Mais, cette fois, j'ai essayé de repousser encore plus loin les limites de la "tache aveugle" pour remonter jusqu'à cette scène où je me revois tenir pour la première fois un porte-plume entre mes doigts et me laisser subjuguer, en traçant ronds et bâtons, par le surgissement magique de l'écriture sur le papier, comme on assiste à l'apparition d'une personne très chère, dont on ne peut s'empêcher de tomber amoureux, alors même qu'on ne sait pas encore que, le temps venu, elle deviendra votre "maîtresse" et qu'on va s'attacher à elle pour la vie.
Bibliographie
Les années mortes
(autobiographie)
Alain Nadaud
2004