Alain Nadaud
La plage des demoiselles
2010
Editions Leo Sheer, 2010
Roman, 185 p.
« J'ai pour handicap de m'être fait une exagérée et trop précise idée à la fois de la littérature et de l'amour. Finalement, il se peut que j'écrive aussi mal les livres dont j'accumule les pages que j'aime de travers les femmes que je tiens entre mes bras : à savoir comme un simple étourdi, avec la même frénésie inquiète, un identique mélange d'avidité et de désenchantement, un absolu mépris des convenances »
Ayant à peine vingt ans quand surgit la tourmente de mai 68, le narrateur de ce récit initiatique s’interroge sur sa capacité à aimer les femmes autrement que comme un idéal littéraire lointain ainsi qu’à nouer une liaison passionnelle avec cette littérature qui ferait enfin de lui un écrivain.
Tour à tour moniteur de colonie de vacances partagé entre timidité et audace maladroite, étudiant dilettante, séducteur hésitant, révolutionnaire sceptique, contrôleur du travail hasardeux, il se mariera sans trop savoir pourquoi, vivra dans une communauté qui se dissoudra vite ; il fera des expériences, à la recherche de lui-même, de l’écrivain qu’il est sûr d’être, et qui n’écrit pas, ou si peu. Jusqu’au jour où, nommé professeur en Irak, la réalité se rapprochera enfin de ses rêves.
Comment on devient écrivain. Comment on devient adulte. Ou comment on a bien failli ne jamais devenir ni l’un ni l’autre, à force d’imaginer, d’attendre, d’espérer, sans oser vivre.
Articles de presse
" L'autobiographie met généralement en valeur différents moments de la vie d'un auteur qui brouille les pistes entre ce qui ressort de l'authenticité ou de la vérité arrangée. Résultat : un autoportrait que même les faiblesses rendent flatteur. Rien de cela avec le narrateur d'Alain Nadaud, qui ne se cache pas d'attendre trop de l'amour et de la littérature. Du jeune moniteur de colonie de vacances qui écrit en cachette au professeur nommé à Bassora (Irak) et troublé par le regard de belles étudiantes, l'itinéraire, qui passe par Mai 68 et un collège de Nouakchott (Mauritanie), est jalonné d'amours parfois lassantes et d'élans à devenir écrivain. Le tout sans oublier les lectures des grandes oeuvres du passé, terreau de toute entreprise littéraire."
Pierre-Robert Leclercq, Le Monde (novembre 2010)
"Depuis « la Tache aveugle », en 1980, Alain Nadaud, 62 ans, a publié une bonne vingtaine de romans, de nouvelles et d'essais. Mais à quand remonte, chez lui, cet obscur objet du désir : écrire? A quand ce besoin de (se) raconter des histoires? De vouloir plaire à la fois aux mots et aux femmes?
Méthodique et opiniâtre, Nadaud inspecte son passé, fouille ses souvenirs. Il se rappelle avoir été moniteur dans une colonie de vacances, à Saint-Jean-de-Monts, où il cachait qu'il noircissait un cahier et rêvait de caresser les seins des filles. Il s'inscrivit ensuite à la fac de Nanterre, dans l'espoir d'y apprendre le secret de l'art d'écrire : il n'y trouva que celui de faire, en 68, la révolution. Ce fut bref. Il préférait en effet «les Chants de Maldoror» au «Petit Livre rouge», qu'il jugea «comique».
Avec une machine Japy Script, il pensa écrire alors le grand livre où il tutoierait Rimbaud et Joyce, mais elle ne lui servit qu'à taper des lettres d'amour à tout va. Après quoi, il s'essaya au théâtre à Nouakchott, enseigna le français aux jeunes filles en fleurs de Bassora, et partit pour Pondichéry sans cesser de rédiger des textes «abscons et prétentieux». Au retour, il reçut enfin une lettre d'adoubement de Roland Barthes. Ce récit est l'échographie - troublée, troublante qui précède la naissance d'un bel écrivain. "
Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur (Novembre 2010)
Pages en construction
Bibliographie
Les années mortes
(autobiographie)
Alain Nadaud
2004