Alain Nadaud
Aux portes des enfers
2004
Actes Sud, 2004
Essai, 2004 p.
Que sait-on de l’Achéron, fleuve des Enfers qui roule dans les ténèbres, du Styx, où Achille fut plongé par sa mère afin d’acquérir l’immortalité, de la grotte du Ténare, par où Orphée partit à la recherche d’Eurydice, et de la caverne d’où Héraclès ramena le chien Cerbère à la lumière, des sources de Mémoire (Mnémosyne) et de l’Oubli (Léthé), du palais souterrain d’Hadès où, pour avoir voulu enlever Perséphone, Thésée resta collé à son fauteuil de pierre ?
Sait-on que ces lieux, qui ont terrorisé les Anciens et donné naissance aux plus mystérieux récits de la mythologie, existent vraiment ? Qu’ils peuvent encore être approchés ?
C’est ce à quoi s’est essayé l’auteur dans cette enquête, en recourant aux textes qui ont fait la réputation de ces endroits et en parcourant ces régions écartées d’Italie, de Grèce et de Turquie. Par ce voyage à travers l’espace et le temps, dont il nous fait partager les incertitudes et les surprenantes beautés, c’est à une méditation sur l’histoire et les mythes, sur les origines de la littérature, sur les rapports entre l’amour et la mort, ainsi que sur la signification de ces "lieux d’affleurement", qu’il nous invite aussi.
Caverne d'Héraclée du Pont
par Alain Nadaud
Bouche de Bomarzo
Par Alain Nadaud
Feuille du carnet de voyage
par Alain Nadaud
Articles de presse
« Ce livre est un régal de sagesse et de gai savoir. »
Bernard Fauconnier, Le Magazine littéraire
"Cet automne, Alain Nadaud revient simultanément avec un récit autobiographique sur ses années de formation et une enquête littéraire doublée d'un reportage sur les lieux qui, dans l'Antiquité, donnaient accès aux Enfers. Mais qu'il choisisse les voies de l'érudition ou de la confession, c'est toujours pour se déchiffrer lui-même qu'il écrit."
Isabelle Martin, La Tribune de Genève
"Ici, ce périple est l'occasion à la fois d'une recherche érudite, et d'une méditation sur l'amour et la mort, la mémoire et l'oubli, la douleur et l'inspiration. Une conclusion impossible à notre itinéraire mythique, du Chaos originel à cette faille qui reste en quelques endroits béante, bouches d'ombre par où, peut-être, un jour, passera notre raison, si nous n'y veillons pas."
Alain Nicolas, L'Humanité
"Les Anciens étaient, eux, autrement curieux de ces portes ténébreuses qui ouvraient sur un monde souterrain dont la mythologie a multiplié les visages comme les adresses. C'est ce périple singulier qu'a tenté l'écrivain Alain Nadaud. Il en a composé l'improbable guide "touristique", livrant les clés d'un monde mythique dont la fascination résiste à l'épreuve du voyage. (…) Avec sa compagne, l'artiste tunisienne Sadika Keskes, il a entrepris de retrouver ces passages dont la mémoire perdure plus que l'effroi."
Philippe-Jean Catinchi, Le Monde
Architexture
Pages en construction
Lors d'un de mes nombreux voyages entre Tunis et le Canada, ivre de fatigue à cause du décalage horaire, dans le bus du retour entre Montréal et Québec je lis "Les Ombres errantes" de Pascal Quignard et tombe sur une phrase comme quoi Jules César avait fait boucher l'une des entrées des Enfers qui donnait sur le lac de l'Averne.
Mon sang n'a fait qu'un tour.
Méduse (Pâte de verre et fer forgé)
Alain nadaud
Quoi ? Parce qu'il existait des entrées des Enfers ? Voilà bien ce qu'il fallait vérifier. De fil en aiguille, mon enquête m'a permis de localiser, grâce aux textes d'abord, puis sur les cartes entre la Grèce, l'Italie et la Turquie, environ une dizaine de lieux : grottes, fleuves, lacs sulfureux, etc., qui passaient pour avoir un lien avec les Enfers ou qui permettaient d'y pénétrer. Inutile de creuser très profond pour m'apercevoir que cette quête rassemblait toutes les figures imaginaires que j'ai traitées jusqu'ici dans mes romans : la tache aveugle, le zéro, les bords du gouffre, le temps à rebours, etc.
"Le point "où l'on peut saisir la source du ça qui nous habite", je m'aperçois que c'est, par ce voyage à travers les textes et les lieux, peut-être ce que j'ai poursuivi en vain, sous le couvert de la métaphore d'un endroit où l'on ne peut plus se rendre, soit parce que les accès en ont été obturés, soit parce qu'ils ne s'ouvrent désormais plus que sur le vide. Or, les Enfers, c'est bien "le soleil noir" de la conscience, la tache aveugle, l'envers de ce point d'éblouissement où il nous a un jour peut-être été donné de contempler la lumière en face."
(p. 291)
Bibliographie
Les années mortes
(autobiographie)
Alain Nadaud
2004