Alain Nadaud
Le vacillement du monde
2006
Actes Sud, 2006
Roman, 128 p.
Prix Bourgogne 2006
" On ne sait que peu de choses du père Louis Legrand, si ce n’est qu’il eut à souffrir de l’amour, au point, croit-on, d’en mourir de chagrin, que ses vœux furent forcés, et surtout qu’il construisit deux des plus grands globes terrestre et céleste qui se pussent trouver en Europe à cette époque."
Ainsi commence ce roman qui raconte l’histoire de ce moine qui fut contraint de prendre la robe pour sauver sa vie. Et ce n'est que dans la construction d'un globe terrestre de près de six mètres de circonférence qu'il trouva le moyen de s'évader, de franchir les mers et de rejoindre, à travers des géographies incertaines, parfois même imaginaires ou fantaisistes, la belle Laure de Versac dont il était tombé amoureux lors d'un séjour dans les terres lointaines du Canada.
Après s'être préoccupé de cette autre géographie, instable et mouvante que forment les nuages, Louis Legrand s'inquiéta de savoir si son malheur ne procédait pas de ce que la Terre était inclinée sur son axe. A l'annonce de la mort de sa bien-aimée, assuré que celle-ci résidait désormais dans le firmament, il construisit un deuxième globe, mais céleste cette fois, où, parmi les constellations du ciel étoilé, il chercha à découvrir le visage de celle qu'il n'avait jamais oubliée. C'est à la Révolution, lors du transfert de ces globes à la bibliothèque de Dijon, que celui-ci disparut sans laisser de traces.
Fidèle à sa méthode, qui consiste à suppléer par l'imaginaire les lacunes de la réalité, Alain Nadaud nous invite à revivre de l'intérieur non seulement le savoir-faire d'un artisan-cartographe du XVIIIe siècle, mais aussi les espoirs chimériques et les tourments d'un homme qui ne se consola jamais de son amour perdu.
Bibliothèque municipale de Dijon
Photographie du globe terrestre de Louis Legrand par Joachim Bonnemaison
Articles de presse
Pages en construction
"Dans ce bref roman, Alain Nadaud privilégie bien sûr le rêve du cartographe, la fabrication des globes, les matériaux, les objets. Aux paysages canadiens, admirablement évoqués, répond la chimère contemplative, poétique et mathématique du moine solitaire, avec ce qu’il faut d’humour. Et plus encore d’amour."
Jean-Maurice de Montremy, Livres hebdo
"Louis Legrand, devenu moine malgré lui à la suite d’une aventure amoureuse, passa des années à réaliser un immense globe terrestre. Qui s’intéresse à lui ? Personne, ou presque. Sinon Alain Nadaud. Il en a fait le sujet d’un roman passionnant, érudit et léger. (…) Il y a de la passion dans ce bref roman intense. On le referme en se disant qu’on ne jettera plus le même regard sur les cartes et les mappemondes."
Pierre Maury, Le Soir de Bruxelles
"Fasciné par le globe terrestre de Louis Legrand, qu'on peut encore contempler à la bibliothèque municipale de Dijon, l'écrivain a reconstitué son destin comme son personnage reconstituait le monde : en laissant des blancs ici, en s'appuyant là sur des données partielles et incertaines, en se fiant, pas toujours à son corps défendant, à son intuition de poète. Ainsi est né ce bref roman empreint de classicisme, qui allie avec grâce rigueur et poésie."
Marianne Dubertret, La Vie
"Comme le sujet, le style est d'un autre temps, rapide et précieux. La poésie d'un imparfait du subjonctif croisé ici et là n'alourdit pas ce récit d'un moment passionnant de l'histoire des sciences narré à travers l'étrange et romanesque destin d'un cartographe des Lumières."
K. P., Vingt minutes
Bibliographie
Les années mortes
(autobiographie)
Alain Nadaud
2004