Articles de presse
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"Alain Nadaud ne doute pas non plus des mystérieux pouvoirs de l’écriture.(…) Philosophe de trente ans ayant percé au cours de ses voyages les secrets de l’Inde, de l’Afrique et du Moyen-Orient, il suggère que l’ataraxie, le nirvana sont au bout d’une plume. Pourquoi, après tout, les drogués du waterman n’auraient-ils pas, eux aussi, leurs hallucinations, leur extase mystique ?"
Jérôme Garcin, Les Nouvelles littéraires
"C’est de cette exigence que se nourrissent les textes de l’auteur. Pourquoi écrire, il est sain de se le demander ; pour qui écrire (est-ce pour soi, vraiment ?) ne l’est pas moins. En l’occurrence, Alain Nadaud semble préoccupé – il demeure que son livre est plein d’intérêt tout du long – par le comment écrire."
Lucien Curzi, L’Humanité
"Quinze beaux textes qui disent le livre, le scribe, le signe, la page et, peut-être bien, le pourquoi d’écrire et le mal de vivre. Livre attachant dont le sujet et la qualité autorisent pleinement l’expression : inscrivez Alain Nadaud sur vos tablettes."
Révolution
"Alain Nadaud emporté par sa virtuosité multiplie les points de vue, s’amuse à pasticher Borges, développe son thème, en épuise toutes les ressources… L’habileté de l’auteur est manifeste et il en joue abondamment. Mais là où il nous touche et nous retient, c’est lorsque lui-même se laisse gagner par les vertiges qu’il crée et qui sont ceux de l’écriture même."
Michel Nuridsany, Le Figaro
"Jusqu’où peut mener la fascination de l’écrit ? Les nouvelles d’Alain Nadaud nous entraînent, dans leur classique perfection, vers l’expérience de ses limites.(…) Ce que nous dit l’auteur, c’est qu’il en est des textes comme des nuages. On peut les regarder sans leur accorder de sens particulier, mais tout notre imaginaire peut aussi y circuler et voir dans leurs contours changeants autant de mondes à explorer, de signes à déchiffrer. Chacune de ces nouvelles atteste de l’extraordinaire jeu de miroirs que permet l’écriture. Ici, le trompe-l’œil est manié de main de maître, pour le plus grand plaisir du lecteur, à la fois hésitant et subjugué."
Jean-Baptiste Para, Révolution
"Le plus étonnant, dans le roman d’Alain Nadaud, c’est l’art du suspense. On le lit comme un livre policier, chaud, sensuel, coloré. S’agissant des premiers siècles de notre ère et d’une question métaphysique fondamentale, le néant, le vide, c’est un comble ! Comment ne pas rêver devant cette histoire de grottes, de calculs, de complots ? Comment ne pas être curieux de ce qu’éprouvait Pythagore ? Jamais l’érudition de l’auteur (pourtant considérable) n’empêche l'action de progresser, d’entraîner. Et puis, dites-moi : vous connaissez beaucoup de premiers romans aussi bien écrits ? Du grand style en prime ! Etrange événement, l’apparition d’un écrivain. Voilà !"
Philippe Sollers, Adresse aux libraires
"Un surprenant premier roman très prometteur que celui d’Alain Nadaud. Le narrateur et un comparse découvrent une nécropole dans les entrailles fécondes de la ville d’Alexandrie. Il nous livre ses découvertes, série de documents qui nous conduisent à la frontière de l’érudition et de l’imagination. Un écrivain que Borges ne renierait sans doute pas comme disciple."
Michèle Gazier, Télérama (Annonce de l’émission Apostrophes de B. Pivot du 30/ 3/ 1984)
"Etrange roman que l'Archéologie du zéro ! (…) La matière peut sembler aride, et pourtant c’est un livre fascinant. La fusion sans scories de faits historiques attestés et d’une sournoise et constante mystification exerce une extrême séduction. C’est en vain que nous nous épuiserions à démêler le vrai du faux."
Emmanuel Saunderson, La Croix
"Le plus étonnant, dans ce livre si poétique et si fuyant, si secret et si rêveur, est sa perpétuelle oscillation entre ses éléments concrets et ses fantaisies. Sous le philosophe et l’écrivain se cache un pince-sans-rire peu ordinaire. Borges est passé par là."
Alain Bosquet, Le Monde
"Le livre, qui se présente comme un roman historique très cultivé, du genre de ceux de Marguerite Yourcenar, va dès lors dépasser le simple exercice d’évocation pour verser formellement dans l’aléatoire et l’incertain. Où sont la réalité, la fiction, la falsification dans ce récit en forme de méditation sur le néant, la dissolution, qui oblige le lecteur à lire entre les lignes, à tout interpréter ? On ne sait. Au lecteur de faire son propre travail d’archéologue ou de se laisser aller à la pure fantaisie, au charme d’un récit qui a la séduction de l’intelligence."
Michel Nuridsany, Le Figaro
"Dans la production romanesque contemporaine, ce livre fait figure d’étrangeté tant par son sujet (borgesien s’il en est) que par sa composition. (…) Un premier roman, mathématiquement parfait, où l’aventure du chiffre et l’infini de son déchiffrement tiennent efficacement le lecteur à bout de souffle."
Patrick Redelberg, Art Press
"Curieux et étonnant, ce premier livre d’Alain Nadaud dont le point de départ s’apparente à un conte de Borges (…). On s’enfonce avec délice dans le labyrinthe d’un roman qui fascine par ses multiples richesses. Ce zéro vaut nettement plus que la moyenne. C’est même une révélation."
Christian Giudicelli, Lire
"Assurément, Alain Nadaud a signé avec ce premier roman à l’érudition magique et à l’écriture élégante, un des livres les plus intelligents et les plus intéressants de l’année. Avec brio, l’auteur relève le défi du grand Borges : l’exploitation esthétique de la métaphysique."
Bruno de Cessole, Magazine Hebdo
"Avec Archéologie du zéro, Alain Nadaud n’avait pas seulement révélé son originalité, mais, outre des qualités formelles peu ordinaires, un goût assez sûr des cheminements pervers de la logique et une aptitude personnelle pour la traversée des miroirs. Son dernier livre nous le confirme. Il me laisse tout à la fois perplexe et fasciné. Les romanciers n’en finiront donc jamais de malmener, de déchirer, de sublimer, de renverser le temps ! Encore qu’avec Alain Nadaud, nous ayons confusément l’impression d’atteindre le point limite d’un jeu grandiose. (…) L’idée est fabuleuse, c’est le cas de le dire. Et cette histoire insensée, je veux dire : dont le sens est inversé, est menée de main de maître. (…)
Ce livre n’aurait pu être qu’un habile tour de force, il est, au sens le moins figuré du terme, bouleversant et renversant."
André Brincourt, Le Figaro
"L’Envers du temps n’est pas pour autant, comme l’ont dit certains, un essai déguisé en fiction. C’est un "vrai" roman d’aventures, avec ses péripéties et le style rapide qui leur convient. (…)
Le désir d’écrire de la fiction ne dispense pas nécessairement de penser. Italo Calvino et Umberto Eco l’ont largement prouvé. Alain Nadaud, qui ne désavouera sans doute pas leur parrainage, a bien l’intention d’en faire autant, et il a magnifiquement commencé."
Josyane Savigneau, Le Monde
"Il s’agit du livre le plus original d’une rentrée pourtant déjà peu banale. Et surtout une œuvre d’écrivain avec laquelle on devra compter. Qui a dit que la littérature française s’étiolait ?"
Jean-Maurice de Montremy, La Croix
"Et si l’histoire faisait soudain machine arrière ? Et si nous étions déjà en train de revivre, en sens inverse et sans pouvoir influer sur elle d’aucune manière, notre propre histoire ? Il y a pire que l’Apocalypse et ses trompettes du jugement, ce serait cette condamnation à la dernière répétition avant que le cycle définitivement ne se boucle. Telle est la fable philosophique que monte Alain Nadaud avec ce deuxième roman, L’Envers du temps, et qui, précisons-le, doit plus aux premiers physiciens grecs qu’aux variations de la science-fiction depuis Wells sur la machine à remonter le temps. Retour aux Grecs donc, pour en finir avec la vision chrétienne de l’histoire ? Vous pourrez vous-même choisir."
Jean-Paul Morel, Le Matin
"Sur un des thèmes favoris de Borges, illusion du temps et éternel retour de l’Histoire, Alain Nadaud, auteur remarqué d’Archéologie du zéro, exploite avec brio et dans un style impeccable les virtualités esthétiques de la métaphysique."
Bruno de Cessole, Les Nouvelles littéraires
Si la SF donne sur la scène de l'édition française une impression de repli, son influence ne cesse pas de s'exercer au-dehors des strictes frontières du genre. Ainsi dans les romans d'Alain Nadaud, qui nous arrivent affublés de l'étiquette « roman d'aventures métaphysique ». On croirait entendre une définition de la SF, et, plus « littérateur d'idées » encore que bien des auteurs de SF, Nadaud lance ses personnages dans de longues considérations qui se fondent sans le moindre guillemet dans le corps du texte, un peu au détriment de l'action.
Mais de l'action, il y en a : Julius Marcellus, militaire gallo-romain dans un Empire en rétraction, est ballotté de ville en ville par l'émergence d'une identité gauloise et ses recherches sur un passé dont les habitants maîtrisaient des technologies beaucoup plus avancées ; en témoignent les restes de leurs routes, de leurs tunnels, de leurs parkings souterrains... On se croirait dans En attendant l'année dernière ! A ceci près que les gens naissent et meurent normalement ; c'est le cours de l'Histoire qui est touché, pas la vie quotidienne, d'où un sentiment d'illogisme qui conduit Julius à s'interroger sur son monde, beaucoup plus que ne le feraient les protagonistes des récits de SF, qui ont appris depuis Heinlein à ne pas faire l'article sur les choses étranges qu'ils côtoient !
Mais Julius est un intellectuel dans l'âme ; il s'interroge sur le monde qui l'entoure, il ne se satisfera pas de la vérité acceptée... un peu comme chez Dick, finalement. Nadaud écrit brillamment, et nous amène en conclusion à un autre Retour, qui paraît a posteriori incontournable. Vous ne regretterez pas de découvrir ce roman.
https://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=2146572856
"Pas l’ombre d’une austérité, d’une emphase. Chaque récit est la simplicité même (la complexité aussi !) et parle à notre imagination. Et tant pis ou tant mieux si le lecteur découvre très vite que chaque variation a les mêmes trois petites notes de musique."
Michèle Gazier, Télérama
"Pour Alain Nadaud le réel est un préjugé arbitraire, sa seule réalité réside dans le monde latent de l’imaginaire. (…) « Voyage au pays des bords du gouffre » repose sur cette dimension essentielle de l’écriture d’Alain Nadaud : le paradoxe, véritable moteur intellectuel de la philosophie. (…) Avec ce « Voyage », Alain Nadaud augmente la « bibliothèque de Babel » de quelques manuscrits arrachés à l’incendie de celle d’Alexandrie et, s’instituant « doxographe » de l’imaginaire, contribue à recomposer quelques lambeaux de l’envers du monde."
Jean-Didier Wagneur, Libération
"Presque tous les personnages de ces nouvelles, de siècle en siècle, de continent en continent, ont une même obsession : écrire. Contractée, tenue dans la brièveté de la nouvelle, l’imagination d’Alain Nadaud est encore plus inquiétante que sur la longue distance romanesque. En quatorze énigmes, il bâtit un étonnant roman noir de l’écriture."
Josyane Savigneau, Le Monde
"Bref, un livre qui confirme la vitalité des moins de quarante ans. La relève, sur laquelle il est parfois de bon ton de soupirer, s’annonce bel et bien."
J.-M. de Montremy, La Croix
"Alain Nadaud a désormais achevé sa fascinante remontée du temps, jusqu'à la source de l'écriture ; il touche enfin à ces limites extrêmes, après lesquelles commence l'en deçà de la conscience, sa protohistoire. Désert physique : on discerne maintenant combien des œuvres antérieures comme l'Envers du temps et Voyage au pays des bords du gouffreconfluaient vers ce texte capital, qui pose dans leur indissolubilité la question du temps et celle de l'écriture. (…)
Rarement romancier avait manifesté d'une manière aussi incandescente la fonction élémentaire et vitale de l'écriture, sa rémanence longtemps après la disparition de la conscience qui a commandé à la main son tracé. Quelques traits malhabiles, de simples signes comme antidote au vide d'avant et d'après nous: Désert physique ou le roman de l'impérieuse nécessité du roman."
Jean-Claude Lebrun, Révolution
"Alain Nadaud nous offre un bien beau roman ; beau par sa simplicité. Simplicité du récit qui se déroule, limpide, au fil des événements ; simplicité de la narration, qui prend la forme d'un journal intime ; simplicité du symbolisme, qui touche à l'universel. Désert physique se déguste vite – c'est un roman à suspense – et laisse songeur sur ses implications profondes. De la belle ouvrage."
Aurélien Ferenczi, Le Quotidien de Paris
"Saluons à nouveau la puissance d'invention d'Alain Nadaud. Sobrement, avec une poétique économie de moyens et un très bon sens de l'intrigue, celui-ci parachève une plus sourde exploration, ouverte par Archéologie du zéro et poursuivie par L'Envers du temps, où tout langage bute au pied de la lettre face au vide – au trop-plein – du commencement."
J.-M. de Montremy, La Croix
"C'est Jorge Luis Borges qui plane comme une ombre bienveillante sur les romans d'Alain Nadaud.(…) Sous le canevas romanesque, le lecteur éprouve essentiellement un plaisir de l'intelligence. Original. Le livre est servi par une écriture classique et dense."
L. L., Le Point
"Alain Nadaud a écrit ici un grand roman d'aventures qui se développe autant vers l'action que vers la profondeur de la réflexion sans qu'aucun des deux chemins suivis ne desserve jamais l'autre."
Pierre Maury, Le Soir de Bruxelles
"Ceux qui ont lu Archéologie du zéro ou Désert physique retrouveront avec plaisir le style épuré et les domaines de prédilection d'Alain Nadaud qui, avec L'Iconoclaste vient une nouvelle fois de faire œuvre originale."
Ouest-France
"Mais, on l'a compris, cette exceptionnelle documentation n'a presque plus d'importance. Pas plus que n'a d'importance, en fin de compte, celle de Flaubert pour Salammbô. Elle nourrit ici un rêve, des couleurs, une vision intérieure forte. Et l'on se moque bien de savoir ce qui, dans les documents, est vrai, ce que Nadaud adapte, ce qu'il paraphrase, ce qu'il complète ou ce qu'il invente. On se sent tout simplement pris par une immense intrigue menée sobrement, simplement, avec cette part de rêve que donne une écriture volontairement retenue, voire faussement neutre, à rebours du roman historique. Et donc encore plus romanesque."
J.-M. de Montremy, La Croix
"Avec L'Iconoclaste, Alain Nadaud a composé une manière de chef-d'œuvre parfaitement isolé dans l'époque. Depuis sa pythagoricienne Archéologie du zéro, on connaît le talent de constructeur de Nadaud et la vigueur de ses fables. L'iconoclaste allie à ces vertus le pittoresque des temps et des lieux et un très salutaire goût de l'équivoque. Que l'on ne croie point en effet que le livre illustre tout uniment une thèse.(…) Sans doute faut-il ajouter, puisqu'il est de bon ton, aujourd'hui, de déclarer lassant tout ouvrage qui ne sacrifie pas à la facilité de l'historiette psychologique bricolée, qu'un roman si large n'est pas une seule fois ennuyeux et que la diversité des modes de narration le garantit contre la monotonie. Qu'il est en somme intelligent, bien écrit et que sa lecture est voluptueuse."
Philippe Dagen, Le Monde
"Aventureux, théologique, d'une violence extrême parfois, L'Iconoclaste pourra servir de méditation à notre siècle d'images pas toujours sacrées, destinées parfois à faire des individus de petits dieux aux ailes singulièrement rognées."
Françoise Ducout, Elle
"A l'amateur d'historiettes sentimentales et de récits qui ne racontent que ce que l'on sait depuis toujours, il est recommandé de fuir ce livre. A ceux qui aiment s'enfoncer dans une œuvre dense où l'érudition n'engendre pas l'ennui, découvrir des pays et des mœurs, les luttes de l'esprit, le pouvoir des religions et les difficultés de la foi, des caractères d'hommes qu'on ne rencontre pas tous les jours et les replis les plus obscurs des âmes, c'est de s'installer dans cette aventure qu'il est recommandé. Les qualités d'écrivain d'Alain Nadaud nous emportent très loin, tout près et très haut."
Pierre-Robert Leclerc, Le Magazine littéraire
"Depuis son premier livre, Alain Nadaud suit un chemin frontalier entre philosophie et littérature. (…) Mêlant les documents originaux à la fiction, il réalise une superproduction jamais artificielle qui trouve son rythme dans le relais des narrateurs, et sa séduction dans le mélange des genres. C'est la fusion des aventures d'Alix et de la collection Guillaume Budé."
Jean-Didier Wagneur, Libération
"En bibliomaniaque, en écrivain (de talent), en amateur qui aurait le vertige des bibliothèques, Alain Nadaud fait le tour du livre. (…) Il marche au pas, prudent comme un ethnographe qui irait décrire une peuplade qu'il connaît bien mais dont les réactions sont imprévisibles. Voilà un livre pour aimer tous les autres livres."
Manuel Carcassonne, Le Figaro
"Ah, que j'aime ce texte, il m'est proche, presque familier, je ressens le même amour fou sinon croissant pour l'imprimé, malgré la quantité de livres que je reçois. J'ai trouvé toute cette ferveur chez Nadaud, qui définit la lecture en tant que "plaisir immédiat". Si vous avez les mêmes penchants, ne manquez pas ce bréviaire d'amour des lettres."
Christine Arnoty, Le Parisien libéré
"Avec Ivre de livres, Alain Nadaud viole notre intimité en dévoilant la sienne. Passionné de livres, il effeuille sa marguerite séquence après séquence, et fait tant et si bien que ce joli texte nous renvoie comme un miroir l'image de notre propre bibliomanie. Si, d'un amateur à l'autre, il y a quelques variantes, notre rapport personnel à l'objet-livre, cette relation que nous voudrions rare et exquise, se révèle à l'analyse d'une grande universalité."
Agnès Vaquin, La Quinzaine littéraire
"On comprend qu'Alain Nadaud soit ivre de livres, que son appartement en soit bourré, qu'il voyage dans les caractères typographiques comme dans des terra incognita, qu'il contemple les vitrines et les tables des libraires comme un alchimiste la course des planètes. Le lieu de la rédemption est là, fragile dans la graphie d'une lettre, chaque page est une icône incessante et infinie."
Jean-Didier Wagneur, Libération
"Qu'Alain Nadaud se rassure, son Ivre de livres restera dans un coin de la bibliothèque pour le relire "au cas où". Un soir du "à quoi bon" lire, par exemple !"
André Rollin, Le Canard enchaîné
"Si Alain Nadaud, qui a 44 ans, et qui ne court pas après les trains, a choisi de situer son cinquième roman dans l'ancienne Asie Mineure, celui-ci ne nous semble pas moins "moderne" que les produits du jour (…) A la façon d'un Roberto Calasso en Italie, Alain Nadaud démontre que les mythes fondateurs de notre culture sont encore apte à nous instruire sur nous-mêmes, à condition de les éclairer de l'intérieur, d'en raviver la fable et, à tous les sens du terme, la flamme…
(…) Le livre nous touche par cette haute exigence, et parce que celle-ci repose sur un dispositif romanesque à grand spectacle.(…) Rien n'est plus plaisant que de saluer la réussite d'un livre ambitieux, en soupçonnant, par surcroît, que Roger Caillois l'aurait aimé."
Pierre Veilletet, Le Nouvel observateur
"Mythe magnifique, cruel destin que celui d'Erostrate, l'homme avide d'éternité et condamné à l'oubli, qui meurt en entendant la terrible sentence, l'obligation au silence, conscient alors de l'inutilité de son crime. Ce mythe, Alain Nadaud le prend en charge admirablement, mais en intellectuel plus qu'en romancier."
Marion Van Renterghem, Le Monde
"Par-delà l'anecdote, le jeu des références fictives, les labyrinthes de l'érudition et du mensonge, par-delà le récit des errances du narrateur, La Mémoire d'Erostrate est une méditation subtile et inquiète sur la nature et le sort de l'œuvre littéraire, sur la quête d'absolu de l'écrivain, son désir farouche d'échapper à l'empire de la contingence et du temps pour se faire reconnaître par la postérité, partant conquérir sa part d'immortalité. Sûr de son art et de ses moyens, Alain Nadaud convie son lecteur à une fête somptueuse où l'intelligence et la culture, l'émotion et l'ironie sont les vrais maîtres de maison."
Bruno de Cessole, Le Figaro
"On songe au merveilleux Pavillon d'or de Mishima – c'est qu'ici comme là ni une flamboyante anecdote ni l'érudition n'étouffent et ne masquent un propos qu'il ne faut pas tout à fait délester de l'énigme qui le fonde. C'est un mystère que nous sommes invités à partager."
Pierre Mertens, Le Soir de Bruxelles
"Alain Nadaud démonte, dans son essai, les mécanismes d'un système éditorial et marchand qui conduit à réduire, peut-être inexorablement, la place des vrais livres : ceux dont on sent à coup sûr, à l'accent et au ton, qu'ils sont nés de l'urgence, qu'ils obéissent à une nécessité, expriment une obsession fondamentale, bref qu'ils ne se contentent pas de raconter joliment une histoire. Nul n'était mieux placé que lui pour désigner les coupables."
Isabelle Martin, La Tribune de Genève
"A l'heure des prix prétendument littéraires, cet essai d'Alain Nadaud, auteur de plusieurs romans, arrive à pic. Il dénonce, avec brio et pertinence, la dérive de l'édition, qui n'a, le plus souvent, "de complaisance que pour les marchandises susceptibles de circuler à grande vitesse." Si bien que tout s'affadit, se banalise, et que les livres se savonnettisent pour glisser vers le seul rendement."
André Rollin, Le Canard enchaîné
"Prendre comme personnage de roman des concepts, c'est possible ? Oui, Alain Nadaud le prouve avec talent depuis son premier roman Archéologie du zéro, et aujourd'hui encore avec Le Livre des malédictions. Mais, attention nulle outrance théorique chez lui. La réflexion est subtilement intégrée à la fiction, les concepts incarnés par des personnages confrontés à des énigmes vertigineuses qui les poussent aux confins de la folie, et le tout révèle une belle puissance romanesque."
Christophe Kantcheff, La Vie
"L'originalité d'Alain Nadaud est d'avoir creusé son sujet en profondeur, sans se contenter de ce qu'il offrait déjà de pittoresque et d'aventureux. (…) Ici, l'érudition vertigineuse se mêle à des histoires de mari inquiétant, de "privé" intelligemment naïf, de belle blonde habile à l'amour et au revolver. Quant au Livre des malédictions découvert et traduit par Tracher, il voue aux gémonies, en clair, le mauvais écrivain : c'est le sommet de l'humour et le faîte de l'édifice."
Nicole Casanova, La Quinzaine littéraire
"Depuis une dizaine d'années, Alain Nadaud poursuit une entreprise romanesque très singulière. Traversés de plusieurs thèmes qui s'entrecroisent, ses livres forment une constellation personnelle dont chaque étoile porte la marque d'un créateur aussi attaché à l'imagination qu'à la vraisemblance. Il ouvre des pistes dans ce que nous croyons connaître afin d'asseoir la crédibilité de ce qu'il veut nous présenter, et pour mieux peut-être nous leurrer. Savants et ludiques à la fois, les romans d'Alain Nadaud ressemblent parfois à des essais, ce qu'ils ne sont jamais puisqu'ils ne se privent pas de nous raconter une histoire et de nous faire croiser des personnages nés dans l'esprit de leur auteur."
Pierre Maury, Le Soir de Bruxelles
"Qu'est-ce que l'érudition ajoute à la littérature ? Un domaine d'investigation sans limites, une apparence de rigueur qui ne demande qu'à être subvertie, la certitude enfin que la connaissance elle-même est romanesque et peut être passionnante comme une fiction. Car le savoir, surtout celui des sciences humaines, est un champ de ruines d'hypothèses aussitôt abandonnées qu'échafaudées, fascinant pour ce qui s'y est déposé de rêves plus ou moins délirants. (…) Il faut savoir gré à Alain Nadaud d'avoir contourné, et avec quel brio ! les deux principales sources d'inspiration du roman français, l'autobiographie et l'histoire d'amour, et d'avoir défriché une voie nouvelle, à l'écart des sentiers battus."
Pascal Bruckner, Le Nouvel Observateur
"Au commencement était l'Ecriture. Voilà pourquoi le nouveau roman d'Alain Nadaud est, littéralement et dans tous les sens, l'œuvre d'un brillant iconoclaste. C'est qu'il faut de l'audace pour présenter, aujourd'hui, à un lecteur non pas un ni deux, mais plusieurs niveaux de lecture sans que jamais l'attention se relâche. C'est qu'il faut aussi une certaine inconscience pour affirmer avec autant de connaissance savante et moqueuse que le désir de fiction ne dispense pas nécessairement de penser."
Joseph-Macé-Scaron, Le Figaro
"Les lecteurs familiers de l'univers d'Alain Nadaud attendent chaque nouveau roman comme un rendez-vous rare. L'occasion précieuse d'un vertige métaphysique, dont l'ambition ne déçoit jamais. Les amateurs de jeux de l'esprit apprécieront ce Livre des malédictions, par l'intelligence de son propos, dépouillé des séductions du romanesque. Les néophytes, s'ils ne s'effraient pas de l'exigence de l'auteur, sauront sans doute reconnaître le spectre de Jorge-Luis Borges et sa figure de bibliothécaire aveugle, déjà à l'œuvre dans Le Nom de la rose d'Umberto Eco, dans cette intrigue à la Leo Perutz.
Balises rassurantes dans la spirale érudite où s'abîme la raison ordinaire."
Philippe-Jean Catinchi, Le Monde
"Dans ce livre, l'aventure physique relance constamment l'aventure érudite. L'exégèse y voisine avec les filatures et les cambriolages. Le renseignement avec la paléographie. On se retrouve dans un univers à la Spielberg aux accents mallarméens. Car ce roman sur les Ecritures est aussi un roman sur l'écriture, une parabole sur la création littéraire qu'il revient au lecteur d'interpréter à sa manière. En tout cas, il aura bien du mal à lâcher ce livre avant la fin, et c'est là la seule malédiction qu'on puisse lui souhaiter."
Jean-Didier Wagneur, Libération
«Il est devenu commun de saluer l’intelligente facture des romans d’Alain Nadaud comme leur singularité profonde, un argument ingénieux servi par une écriture littéraire talentueuse.
Mais ces recommandations l’ont, du même coup, privé d’une large audience, tant les spéculations sur les fins ultimes de la littérature peuvent effrayer. Comme un festin trop riche dont le menu seul rassasie déjà.
Ceux qui intimidés n’ont jamais osé approcher l’univers étourdissant de Nadaud ne doivent en aucun cas manquer son nouveau roman… »
Philippe-Jean Catinchi dans Le Monde
A propos d'Auguste Fulminant
"Avec Auguste fulminant, Alain Nadaud nous entraîne dans l'un de ces dédales romanesques, érudits et raffinés, dont il s'est fait une spécialité. Un polar virtuose, à partir d'un jeu de miroirs entre le présent et l'antiquité romaine. Dans cette haletante histoire, à double détente, des événements récents paraissent en effet venir en écho à une lointaine fable, pour nous instruire d'un même combat et d'un même drame, sans cesse recommencés. Prolongeant une réflexion à laquelle le romancier, de livre en livre, ne cesse en fait de se consacrer."
Jean-Claude Lebrun, L'Humanité
"L'homme ne se laisse pas séparer de l'œuvre, quoi que prétendent les chimistes du texte. Alain Nadaud, dans un roman astucieux qu'on aurait tort de mettre parmi les romans historiques qui n'ont pour eux que la gratuité du jeu des ombres, fait surgir dans une clarté redoutable ce qui différencie de tout le reste l'œuvre littéraire, sa naissance, sa croissance, son destin et sa destination. (…) Les fatalités ne manquent pas dans l'histoire de Virgile, mise en roman par un écrivain aussi captivant qu'érudit."
Lucien Guissart, La Croix
"Il est devenu commun de saluer l'intelligente facture des romans d'Alain Nadaud comme leur singularité profonde – un argument ingénieux servi par une écriture littéraire talentueuse. Mais ces recommandations l'ont, du même coup, privé d'une large audience, tant les spéculations sur les fins ultimes de la littérature peuvent effrayer. Comme un festin trop riche dont le menu seul rassasie déjà. Ceux qui intimidés n'ont jamais osé approcher l'univers étourdissant de Nadaud ne doivent en aucun cas manquer son nouveau roman, le sixième et le moins réservé."
Philippe-Jean Catinchi, Le Monde
"Tous les romans historiques de Nadaud en viennent à considérer la lecture de l'Histoire comme une succession de spéculations où l'imaginaire serait présent. Dans chacun de ses livres, une thèse historique singulière permet d'aborder la fiction et son agencement de manière spécifique. Se refusant tout canevas psychologique ou description d'un réel ressemblant au nôtre, Nadaud s'éloigne des genres actuels. Se jouant de ses concepts, il entraîne son lecteur dans des vertiges narratifs inédits où l'iconoclaste n'est jamais loin du philosophe."
Romarie Gergorin, Les Inrockuptibles
"Avec cet Auguste fulminant, Alain Nadaud semble vouloir réitérer l'exploit (du Livre des malédictions) et tisser une nouvelle trame romanesque capable de marier intimement l'antique et l'actuel. (…) Auguste fulminant est une fable très moderne, un jeune arbre avec de vieilles racines ; Alain Nadaud y a veillé en faisant de ses personnages d'aujourd'hui des acteurs modernes du drame ancien, comme si la tragédie était vouée à répétition, comme si un polar pouvait durer deux mille ans."
Catherine David, Le Nouvel Observateur
"L'ennui, c'est qu'Alain Nadaud invente presque tout. Avec lui, impossible en effet de démêler le vrai du faux. La culture de l'auteur dépassant celle du lecteur, le doute finit par devenir général. Ainsi en va-t-il aujourd'hui dans Auguste fulminant."
Etienne Dumont, La Tribune de Genève
"Où finit la réalité historique, où commence la pure fiction ? Les romans d'Alain Nadaud ont ceci d'original qu'ils sapent le bien-fondé de la question. Soumis à la relativité des témoignages et à l'interprétation des traces, les prétendus faits ouvrent des perspectives vertigineuses, entre l'espace d'un tableau de Chirico et le temps d'un Sherlock Holmes égaré chez Borges."
Nadine Sautel, Le Magazine littéraire
"Alain Nadaud a établi avec l'Histoire un rapport original. Son œuvre tout entière s'en inspire, mais s'oppose à l'idée même du roman historique. Tantôt les faits se jouent du temps, tantôt le temps des faits. Un vrai régal pour l'esprit. Nous en mesurons une fois de plus les sortilèges avec ce dernier livre qu'il nous invite à qualifier de "polar archéologique".
André Brincourt, Le Figaro
"Dès son premier roman, Archéologie du zéro, Alain Nadaud a manifesté ce goût pour les jeux de l'imagination et du gai savoir, évoquant les déambulations babéliennes du grand Borges. Rompant avec ce qu'il y a souvent de si nombriliste dans le roman contemporain, l'auteur d'Ivre de livres, qui se mit naguère à dos une partie du milieu littéraire parisien en dénonçant un Malaise dans la littérature, poursuit son exploration du Labyrinthe avec une alacrité imaginative que le lecteur appréciera."
Jean-Louis Kuffer, Vingt-quatre heures
"Mettre à l'abri toutes les images du langage et se servir d'elles, car elles sont dans le désert où il faut aller les chercher." Cette phrase de Genet, qui accompagnait une précédente exposition de Dominique Médard, convient assez bien à l'univers du romancier Alain Nadaud. Le lien a peut-être suffi pour que l'artiste prenne pour son nouveau défi littéraire un texte d'Alain Nadaud.
"Petit Catalogue des nations barbares" est un fragment de L'Iconoclaste, qui n'a pas trouvé place dans le roman. Pour mettre en scène cette obséante litanie de barbares improbables - liste de peuples imaginaires qui retrouve le goût de l'énumération si prisé depuis L'Iliade -, Dominique Médard a dessiné les corps voluptueux, allègres et colorés, qu'elle aime mêler aux éléments du monde végétal.
L'exposition de Dominique Médard est complétée par le superbe travail de l'artiste verrière tunisienne Sadika Keskes. Passionnée par les techniques ancestrales que, après des études à Murano, elle a retrouvées dans les pratiques phéniciennes et carthaginoises, la jeune femme a réalisé dans son atelier de Gammarth une série de bas-reliefs en pâte de verre qui revisite le texte du "Petit Catalogue" comme les gravures de Dominique Médard.
Elles sont réunies au couvent de Morsiglia (Haute-Corse) grâce à Marie Pinoteau, une artiste qui partage son temps entre ses ateliers de Lyon et de Brando. Elle a choisi ce beau site du versant occidental du cap Corse pour "croiser" ces mémoires méditerranéennes entre invention mythique et réminiscence historique."
Philippe-Jean Catinchi, Le Monde
"Le romancier a eu l'occasion d'exprimer dans Malaise dans la littérature son inquiétude de voir l'écriture, cette mise à distance, ce questionnement du réel, abandonner son privilège d'indétermination pour se plier à la rationalisation marchande. De cet indispensable essai, composé sous l'invocation de la critique situationniste du spectacle, à un roman auquel le Paris de la Fronde sert de décor, il n'y a qu'un pas, mais ce pas est immense en ce qui concerne la beauté, le sens, la violence.
Alain Nadaud a trouvé le moyen d'exprimer très précisément ce que ses contemporains ne veulent pas entendre à propos de l'écriture. Borges disait que les tyrannies obligeaient à inventer des métaphores. La tyrannie dans laquelle nous vivons, tyrannie de l'adhésion, de la circulation et du temps réel, en suscite trop peu pour qu'on ne prenne pas celle-ci pour un signe. On ne nous aura pas vivants !"
Sébastien Lapaque, Le Figaro
"Le tour de force d'Alain Nadaud, avec un tel personnage, est de ne pas verser dans l'abstrait, de nous garder dans le domaine des sons, des odeurs, des étoffes et des carnations. Ses noces de chair et de papier avec l'Ecriture auront été, une fois de plus, fécondes."
Alain Nevez, Télérama
"Que je sache, c'est une des premières fois où un écrivain s'adresse à celle qu'il faut bien appeler sa partenaire. Une partenaire, comme nous le voyons dans le roman d'Alain Nadaud, bien difficile à vivre, à conquérir, à maîtriser…(…) Cette écriture toute puissante, compagne des humbles et des héros, des enfants et des dieux, l'auteur nous en montre avec un grand talent les visages multiples, abstraits et concrets. Il apporte ainsi à son œuvre un complément original qui est aussi un récit rare et de premier intérêt dans les Lettres d'aujourd'hui."
Pierre Gamarra, Europe
"Le livre de Nadaud n'est en aucune façon une condamnation et encore moins un procès déguisé de la littérature. Lui-même en est d'ailleurs épris au point qu'il a fait d'elle la figure principale autour de laquelle gravitent ses livres. Je tiens au contraire Une aventure sentimentale pour le plus bel hommage qu'on pouvait lui rendre : un portrait déchiré, qui en exalte la beauté, mais qui n'en est pas pour autant inattentif à ses lacunes, à ses mensonges et à ses pièges. Du grand art."
Christophe Van Rossom, Le Mensuel poétique et littéraire
"En 1993, Alain Nadaud a publié un essai intitulé Malaise dans la littérature. L'écrivain s'y livrait à un exercice qui n'était plus du tout à la mode : l'élaboration d'un discours critique susceptible de penser la crise de notre littérature – et particulièrement celle du roman. Crise esthétique, crise historique, crise sociale, crise spirituelle, il dressait, à sa manière qui est carrée, une carte où se lisaient toutes les impasses présentes, toutes les terres arides ou polluées, mais où se dessinaient aussi les chemins à partir desquels la fiction contemporaine pouvait trouver un nouvel élan. (…) Faute d'avoir été entendu comme il aurait dû l'être – mais il n'est pas trop tard, et son propos de 1993 n'a pas cessé d'être valide -, Alain Nadaud a poursuivi pour son propre compte sa réflexion sur le statut contemporain de la fiction, sur les liens de l'écrivain avec l'histoire de son époque. La réussite éclatante de La Fonte des glaces doit autant à la fertilité de sa réflexion qu'à ce qu'on nommera, faute de mieux, son talent d'écriture."
Pierre Lepape, Le Monde
"S'il fallait, en cette rentrée, retenir un seul livre qui articule avec une telle liberté d'approche, une telle vision innovante, ces questions du rapport entre l'écrivain, la politique et la langue ("arme à double tranchant"), c'est assurément vers ce roman chef-d'œuvre d'architecture dramatique et monument d'émotion qu'il faudrait sans hésitation se tourner."
Jean-Claude Lebrun, L'Humanité
"Depuis des années, Alain Nadaud compose avec le matériau historique de vertigineux romans-dossiers et travaille à la frontière entre réel et fictif, historique et littéraire…"
Alain Nevez, Télérama
"De l'étrange destin de L'Enéide subtilisée par Auguste avant que Virgile ne la jette au feu, en passant par la découverte d'un temps historique qui se retourne sur lui-même (L'Envers du temps) il semble bien que les romans d'Alain Nadaud obéissent à une même interrogation : la réalité historique ne se dissimule-t-elle pas sous des apparences trompeuses ? Ne sommes-nous pas les victimes ou les jouets d'un monde qui, tournant sur soi, alterne les ombres et les lumières, renverse les torts et les raisons de nos approches, et rend vaine toute certitude ?
Pour variés que soient les sujets abordés, ils se rattachent à cette mise en question des choses et des êtres – ou, d'une manière plus significative, au soupçon que l'auteur entretient à l'égard de ce qui, précisément témoigne de la véracité des faits : par l'écrit, le procès-verbal, la trace inscrite, le dépôt noir sur blanc qui consigne la seule historique saisissable. (…)
Le roman est très habilement conçu. Nadaud nous a réservé une lecture où les mots effacent les mots. On ne saurait mieux nous conduire dans les impasses et les incertitudes, en nous permettant de tout entendre, de tout lire, de tout pouvoir croire, de ne rien admettre."
André Brincourt, Le Figaro
"Comme souvent chez Nadaud, le roman est sa propre métaphore. Il est l'histoire d'une enquête en même temps qu'il est cette enquête.(…) Plus le livre avance, plus les certitudes se fragilisent. L'enquête régresse jusqu'à la paralysie de l'enquêteur par le doute, à la dissolution totale de la trame de l'histoire. La débâcle de la narration n'épargne qu'une seule voix, qui nous dit : "Tout cela n'était qu'une fable sur la littérature."
Daniel Rondeau, L'Express
"A aucun endroit de ce livre ne figure le moindre indice qui attesterait que ces pages sont celles d’un roman. On le lit de bout en bout comme une histoire vécue et ce n’est pas le moindre mérite d’Alain Nadaud."
Edmonde Charles-Roux, La Corse hebdo
"La logique narrative de ce récit autobiographique relève de l'inventaire : en huit jours et huit objets minutieusement décrits, de la valise toute cabossée à la blouse grise, en passant par le porte-plume à l'ancienne, l'auteur ressuscite ce qu'il nomme lui-même ses "années mortes". Un long apprentissage de la solitude et de la douleur morale, exagérée bien sûr par la fragilité de l'enfance, qui prend la forme d'un séjour en pension chez les Pères. Punitions physiques, ambiance confinée, premiers émois, paysage imprécis et cotonneux de l'ennui, jalousies et mensonges, cruautés des camarades. L'air est connu, mais Alain Nadaud transcende la banalité de l'expérience par le recours de l'enfant à l'écriture. L'écriture, jusqu'aux dictées infligées, le sauve, en même temps que l'imaginaire où il se complait, qui le protège du réel trop médiocre et décevant."
Éditions Grasset
Alain Nadaud, par-delà les "années mortes"
"Depuis peu, l'on célèbre - reality shows inclus - la bonne vieille école en blouse grise et le maître inaccessible, deus ex machina du tableau noir. De sa décennie passée dans un internat de Frères, à la jonction des années 1950-1960, l'écrivain Alain Nadaud (né en 1948) parle, pour sa part, comme de ses Années mortes. Vaste bâtiment sévère, jardin rudement taillé, cours bétonnées, longs dortoirs spartiates, repas en silence, emploi du temps réglé pour n'en pas laisser. Voilà pour le cadre.
Les Années mortes n'est toutefois pas un livre de souvenirs, mais le récit d'une naissance à l'écriture et à la lecture. Quand on a reçu le même prénom que son frère inconnu, mort prématurément, tracer sur les copies ce prénom qui n'est pas tout à fait le sien, c'est découvrir sa propre « identité incertaine », comme Ulysse ou comme l'« homme sans qualités » de Musil. Être puni par la rédaction de mille lignes à copier et compiler, c'est découvrir le texte infini. Choisir un livre dans la bibliothèque, sans avoir le temps (ni le droit) de le feuilleter auparavant, c'est rêver du livre absolu, du chef-d'oeuvre introuvable.
Cette décennie en pension, Alain Nadaud la raconte en huit « jours » - de l'arrivée, enfant, jusqu'à la sortie, adolescent. Il le fait avec ce style net, présent-absent, dont l'ordre et la clarté trahissent d'autant plus l'émotion. Chaque « jour » est précédé d'une fiche d'« inventaire » où l'écolier décrit successivement sa valise, son porte-plume, sa blouse grise... Autant de poèmes en prose nés de l'attention qu'un enfant seul porte au peu d'objets qui sont les siens. (...)"
Jean-Maurice De Montremy, La Croix (Mars 2005)
"On pourrait multiplier les exemples précis qui montrent le jaillissements, d’une manière cyclique, de ce sentiment de messianisme qui habite l’humanité à un moment de son parcours, cette aspiration à un âge d’or vers lequel toute civilisation, emprisonnée dans les âges d’airain ou de fer, regarde et dont l’enfant dans son innocence et sa lucidité est le symbole tutélaire. C’est un beau livre que ces Années mortes où l’écriture ample et sonore ne laisse pas de nous enchanter. Et ici encore, comme dans ses précédents romans, sous la gravité du propos, surgit parfois un regard amusé dont le héros fait souvent les frais et le lecteur ses délices."
Fathi Chargui, http://fathichargui.unblog.fr/ (Octobre 2012)
" L'autobiographie met généralement en valeur différents moments de la vie d'un auteur qui brouille les pistes entre ce qui ressort de l'authenticité ou de la vérité arrangée. Résultat : un autoportrait que même les faiblesses rendent flatteur. Rien de cela avec le narrateur d'Alain Nadaud, qui ne se cache pas d'attendre trop de l'amour et de la littérature. Du jeune moniteur de colonie de vacances qui écrit en cachette au professeur nommé à Bassora (Irak) et troublé par le regard de belles étudiantes, l'itinéraire, qui passe par Mai 68 et un collège de Nouakchott (Mauritanie), est jalonné d'amours parfois lassantes et d'élans à devenir écrivain. Le tout sans oublier les lectures des grandes oeuvres du passé, terreau de toute entreprise littéraire."
Pierre-Robert Leclercq, Le Monde (novembre 2010)
"Depuis « la Tache aveugle », en 1980, Alain Nadaud, 62 ans, a publié une bonne vingtaine de romans, de nouvelles et d'essais. Mais à quand remonte, chez lui, cet obscur objet du désir : écrire? A quand ce besoin de (se) raconter des histoires? De vouloir plaire à la fois aux mots et aux femmes?
Méthodique et opiniâtre, Nadaud inspecte son passé, fouille ses souvenirs. Il se rappelle avoir été moniteur dans une colonie de vacances, à Saint-Jean-de-Monts, où il cachait qu'il noircissait un cahier et rêvait de caresser les seins des filles. Il s'inscrivit ensuite à la fac de Nanterre, dans l'espoir d'y apprendre le secret de l'art d'écrire : il n'y trouva que celui de faire, en 68, la révolution. Ce fut bref. Il préférait en effet «les Chants de Maldoror» au «Petit Livre rouge», qu'il jugea «comique».
Avec une machine Japy Script, il pensa écrire alors le grand livre où il tutoierait Rimbaud et Joyce, mais elle ne lui servit qu'à taper des lettres d'amour à tout va. Après quoi, il s'essaya au théâtre à Nouakchott, enseigna le français aux jeunes filles en fleurs de Bassora, et partit pour Pondichéry sans cesser de rédiger des textes «abscons et prétentieux». Au retour, il reçut enfin une lettre d'adoubement de Roland Barthes. Ce récit est l'échographie - troublée, troublante qui précède la naissance d'un bel écrivain. "
Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur (Novembre 2010)
« Ce livre est un régal de sagesse et de gai savoir. »
Bernard Fauconnier, Le Magazine littéraire
"Cet automne, Alain Nadaud revient simultanément avec un récit autobiographique sur ses années de formation et une enquête littéraire doublée d'un reportage sur les lieux qui, dans l'Antiquité, donnaient accès aux Enfers. Mais qu'il choisisse les voies de l'érudition ou de la confession, c'est toujours pour se déchiffrer lui-même qu'il écrit."
Isabelle Martin, La Tribune de Genève
"Ici, ce périple est l'occasion à la fois d'une recherche érudite, et d'une méditation sur l'amour et la mort, la mémoire et l'oubli, la douleur et l'inspiration. Une conclusion impossible à notre itinéraire mythique, du Chaos originel à cette faille qui reste en quelques endroits béante, bouches d'ombre par où, peut-être, un jour, passera notre raison, si nous n'y veillons pas."
Alain Nicolas, L'Humanité
"Les Anciens étaient, eux, autrement curieux de ces portes ténébreuses qui ouvraient sur un monde souterrain dont la mythologie a multiplié les visages comme les adresses. C'est ce périple singulier qu'a tenté l'écrivain Alain Nadaud. Il en a composé l'improbable guide "touristique", livrant les clés d'un monde mythique dont la fascination résiste à l'épreuve du voyage. (…) Avec sa compagne, l'artiste tunisienne Sadika Keskes, il a entrepris de retrouver ces passages dont la mémoire perdure plus que l'effroi."
Philippe-Jean Catinchi, Le Monde
"Dans ce bref roman, Alain Nadaud privilégie bien sûr le rêve du cartographe, la fabrication des globes, les matériaux, les objets. Aux paysages canadiens, admirablement évoqués, répond la chimère contemplative, poétique et mathématique du moine solitaire, avec ce qu’il faut d’humour. Et plus encore d’amour."
Jean-Maurice de Montremy, Livres hebdo
"Louis Legrand, devenu moine malgré lui à la suite d’une aventure amoureuse, passa des années à réaliser un immense globe terrestre. Qui s’intéresse à lui ? Personne, ou presque. Sinon Alain Nadaud. Il en a fait le sujet d’un roman passionnant, érudit et léger. (…) Il y a de la passion dans ce bref roman intense. On le referme en se disant qu’on ne jettera plus le même regard sur les cartes et les mappemondes."
Pierre Maury, Le Soir de Bruxelles
"Fasciné par le globe terrestre de Louis Legrand, qu'on peut encore contempler à la bibliothèque municipale de Dijon, l'écrivain a reconstitué son destin comme son personnage reconstituait le monde : en laissant des blancs ici, en s'appuyant là sur des données partielles et incertaines, en se fiant, pas toujours à son corps défendant, à son intuition de poète. Ainsi est né ce bref roman empreint de classicisme, qui allie avec grâce rigueur et poésie."
Marianne Dubertret, La Vie
"Comme le sujet, le style est d'un autre temps, rapide et précieux. La poésie d'un imparfait du subjonctif croisé ici et là n'alourdit pas ce récit d'un moment passionnant de l'histoire des sciences narré à travers l'étrange et romanesque destin d'un cartographe des Lumières."
K. P., Vingt minutes
“Si Dieu existe" d’Alain Nadaud renoue avec les romans de sa première période, jouant sur la logique, la philosophie et le rationalisme théologique (…). On retrouve donc autour de saint Anselme, personnage principal du roman, le goût du romancier pour les objets intellectuels qu’il sait traiter comme des personnages de fiction dont les aventures créent, chez le lecteur, un étrange vertige."
Jean-Maurice de Montrémy, Livres Hebdo
“Saint Anselme est célèbre dans l’histoire de la pensée pour avoir entrepris le premier de prouver, par une démonstration purement logique, l’existence de Dieu. Alain Nadaud imagine que son secrétaire, Clermont de Chartrette, un jeune oblat incroyant qui mise sur le succès de son maître pour enfin trouver la foi, relate sans complaisance cette aventure qui sent le soufre. Le moine ne prétend-il pas s’affranchir de la révélation des saintes écritures afin de parvenir, à l’aide de sa seule raison, à dévoiler la face de Dieu ? Les tribulations intérieures du narrateur et son souci pédagogique entraînent le lecteur dans un univers où les aspirations les plus éthérées côtoient les motivations les moins avouables."
A. L., Le Figaro
“Foi et connaissance, mystère divin et faiblesses humaines : le roman érudit de Nadaud se place dans le sillage du "Nom de la rose", avec la même entêtante odeur de soufre."
Marie Chaudrey, La Vie
“Un univers se met en place, avec cette tangibilité et cette force d’évidence qui marquent chacun des livres d’Alain Nadaud. Non pas des textes désincarnés, mais des récits en lesquels des êtres de chair et de sang manient la spéculation et l’abstraction. L’éprouvent sur eux-mêmes. Mus autant par des idées que par des sentiments, des sensations, des désirs et des pulsions. La querelle théologique s’enracine ici dans l’épaisseur de la vie, prenant du même coup une captivante dimension romanesque."
Jean-Claude Lebrun, L’Humanité
“Alain Nadaud imagine, dans un texte étonnant qui tient autant du roman historique que du polar chrétien, les aventures, les affres et les questionnements du zélé penseur (…) Théologiens rigides s’abstenir. Reste que l’on dévore cette biographie romanesque en se cultivant autant qu’en se divertissant."
Xavier Houssin, Le Pèlerin
"Alain Nadaud, une fois encore, réussit un pari audacieux : fusionner le romanesque et l’intelligence. Puiser dans les hypothèses les plus novatrices la matière d’un récit sans en éloigner le lecteur."
Pierre Maury, Le Soir de Bruxelles
“Si le début du roman est un peu long, la description de sa quête, l’élaboration de l’argument ontologique, sa réfutation et les enjeux de pouvoir sont captivants. L’échec de l’argument signifie-t-il la faillite de notre intelligence ? Ou, comme le suggère Clermont de Chartrette, la simple inexistence de Dieu ?"
R. C., Les Echos
“Alain Nadaud écrit ses livres sur le vacillement de nos certitudes. Depuis "Archéologie du zéro", il traque l’excentrique, déshabille les vérités et les soumet à l’épreuve de la fiction (…) Très réussi, ce roman convaincra en toute logique ses lecteurs."
J.-D. Wagneur, Libération
"Un très beau texte sur l'inspiration et le destin d'écrivain:
Entre ciel et terre, le roman d'Alain Nadaud l'est à la façon des peintres de la Renaissance. Entre le paradis et l'enfer, entre la beauté révélée de la nature et le travail des hommes. D'un côté, les vertiges de la montagne tibétaine ; de l'autre, la mécanique des rêves, la méditation et les vertiges intérieurs. La narration s'apaise et se tend dans un même mouvement en apparence minuscule mais dont on se rend compte à la fin qu'il est une chute.
Ce mouvement, Alain Nadaud le peint à petites touches, comme des miniatures, comme une série de détails jetés ça et là. Il en résulte une impression très forte qu'il faudrait qualifier de "natures mortes vivantes" pour rendre compte de la confusion entre les réincarnations du narrateur et les mises en abyme du texte. Les vies antérieures deviennent les perles d'un chapelet qu'on égraine, et le roman, une allégorie de lui-même, à la manière des peintres de la Renaissance. C'est sans doute ce qu'on appelle le mal des montagnes - mais la montagne, ici, c'est le roman.
Nils C. Ahl, Le Monde des livres
https://www.lemonde.fr/livres/article/2009/02/05/le-passage-du-col-d-alain-nadaud_1150923_3260.html
Sur les hauteurs himalayennes à l'oxygène raréfié, dans cet absolu dénuement qui interdit le divertissement, le romancier semble jouir d'une vue en profondeur sur ce qui, depuis un quart de siècle, l'a requis. Il en résulte ce récit d'apparence double, en fait d'une cohérence extrême : il arpente en même temps ces territoires escarpés et les «paysages étranges» qu'il a lui-même créés. Le mouvement est identique. Il arrive même que les deux plans se confondent.Alain Nadaud réussit en l'espèce le pari d'un livre d'aventures qui met également l'oeuvre en perspective et propose une réflexion sur la singularité du travail d'écriture littéraire. Le plus probant des démentis à ceux qui voudraient l'enfermer dans les limites du récit intellectuel et spéculatif.
Jean-Claude Lebrun, L'Humanité
25 ans après l’archéologie du zéro, Alain Nadaud est de retour avec un roman qui tranche nettement d’avec sa production habituelle, tout en la contenant : il s’amuse et nous amuse avec la figure récurrente chez lui qu’est le paradoxe.
Avec La passage du col, vrai-faux révit de voyage, il franchit un cap. C’est bien Alain Nadaud qui parle, un écrivain français promis au succès de roman en roman par ses pairs (il n’est que de consulter son site pour voir le flot d’éloges sous lequel il est régulièrement légitimé : Borgès par-ci, Borgès par-là...). Toujours richement documenté, Le Passage du col est roman d’aventure (et de mésaventures) pimenté d’un exercice d’autodérision salutaire et réjouissant. Son ancrage dans l’actualité dépoussière Nadaud de l’idée d’austérité que lui a valu son amour du monde antique.
Marianne Faurobert, Buddha Channel
http://www.buddhachannel.tv/portail/spip.php?article4781
Dans notre imaginaire le Tibet oscille entre l'actualité politique, des paysages époustouflants et une religiosité intense. Si Alain Nadaud n'avait fait que réunir ces trois instances, il aurait déjà bien réussi son roman. Mieux encore, il ajoute à ce roman d'aventures entraînant une analyse de la collusion entre la psyché et l'écriture tout à fait pertinente.
Cela commence comme un simple récit de voyage, en toute modestie donc. Un écrivain, peut-être en mal d'inspiration, franchit les gorges de l'Himalaya à bord de véhicules brinquebalant sur des pistes en devers et en surplomb. Jusqu'à ce que, bloqué par un éboulement titanesque, il doive accepter l'hospitalité de deux lamas dont la sagesse lui sera bénéfique.
En contrepartie, il devra rendre compte de son expérience et ainsi rendre justice à ce Tibet opprimé. La marche, aussi belle qu'épuisante, purificatrice, passe par le col, lieu de transition symbolique. Grâce à la méditation en un pauvre monastère il parvient à une révélation : les rêves sont des traces dispersées depuis nos vies antérieures... Bientôt, il ne connaît plus guère la frontière entre réalité et fiction, entre vie vécue et vie écrite. C'est ainsi que le roman autobiographique et poétique devient un roman d'initiation.
Thierry Guinhut, Le Matricule des anges
http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=60810
Podcast - D'écrire j'arrête , d'Alain Nadaud (Tarabuste) 2011
https://www.franceculture.fr/emissions/lessai-du-jour-10-11/decrire-jarrete-dalain-nadaud-tarabuste
Ce petit récit a paru en même temps que la Plage des demoiselles (éditions Léo Scheer) et Comment je ne suis jamais devenu écrivain, une nouvelle insérée dans la Revue littéraire. Les deux livres abordent la question de l’écriture. D’abord la poussée qui y conduisit, puis l’affaiblissement de celle-ci, quarante années plus tard. Le texte court s’intéresse au statut improbable de l’écrivain. Alain Nadaud interroge donc ici le littéraire. Comme mode d’appréhension et de figuration symbolique du vécu, à la fois nécessaire et sujet à caution. Et comme marqueur social. (...)
C’est à une véritable archéologie de l’acte créateur qu’Alain Nadaud ici se livre. En débusquant ses motivations et démêlant sa complexité. Si la question habite tous ses romans, elle n’avait jamais à ce point franchit le cap de l’explicite.
On aura évidemment remarqué que Nadaud recourt à un livre pour annoncer son arrêt, selon une très classique stratégie de mise en abyme. D’écrire j’arrête, récit de la sortie de l’écriture, ne peut donc que faire revenir celle-ci. En douterait-on, que son titre délibérément, presque caricaturalement chantourné, en assène la certitude. Un beau matin, il se retrouve à sa table de travail, aussi naturellement qu’il s’en était écarté quelques semaines plus tôt. Parce que l’interruption et la reprise ne procèdent pas d’un décret. Parce que l’écriture n’est pas une activité ordinaire, mais un processus lié à l’être profond.
Jean-claude Lebrun, L'Humanité
[Tendance] Ceux qui arrêtent d'écrire
Il s’appelle Alain Nadaud. Les plus cultivés le confondent avec Maurice Nadeau, de "la Quinzaine littéraire". Il vient de signer un livre où il déclare en couverture : "D’écrire j’arrête".
Un écrivain de 63 ans qui jette l'éponge, ça n'intéresse personne. Il vient en effet de signer chez Tarabuste, petit éditeur de l'Indre, un livre où il déclare en couverture : « D'écrire j'arrête » (13 euros), et nul ne daigne s'en faire l'écho. Un grand silence au parfum d'indifférence accompagne sa claironnante traversée du désert. S'il lui fallait une preuve de l'oubli où l'époque l'a déjà relégué, il vient de la trouver.
Son oeuvre compte pourtant une trentaine de romans, de nouvelles, d'essais, de récits, publiés depuis trente ans chez de grands éditeurs, Denoël, Le Seuil, Grasset ou Albin Michel. Mais plus le temps a passé, moins on a lu l'aventureux, le passionnant auteur de « la Tache aveugle » et d'« Archéologie du zéro », adoubé à ses débuts par Roland Barthes. Les critiques qui l'avaient salué l'ont peu à peu négligé sans même penser à le regretter.
Il s'appelle Alain Nadaud. Les plus cultivés le confondent avec Maurice Nadeau, de «la Quinzaine littéraire», ou se souviennent l'avoir aperçu, jadis, à «Apostrophes». Les autres s'excusent, devant lui, de ne lire que «Marc Levy, Amélie Nothomb, Paulo Coelho et Guillaume Musso». Lui-même reconnaît n'avoir été ni à la mode ni commercial. Trop fier pour se vendre, trop modeste pour qu'on l'achète.
Il a d'ailleurs quitté Paris pour vivre à Carthage, auprès d'une compagne qui travaille le verre soufflé. C'est à elle qu'il déclara, un matin : «J'ai décidé d'arrêter d'écrire.» Sauf ce livre, sorte d'anti-«Paludes», où il raconte pourquoi il fait ses adieux à son sacerdoce, pourtant sa raison de vivre, et rappelle que les cimetières sont pleins d'auteurs irremplaçables.
Cet émouvant autoportrait se double d'une satire gidienne de la société littéraire qui plébiscite les euphoriques surproductifs et prie les auteurs dépressifs de dégager fissa. Lisez ce petit récit désabusé, et vous aurez envie de découvrir les livres précédents de Nadaud afin, peut-être, qu'il revienne sur sa décision.
Jérôme Garcin
Source : « Le Nouvel Observateur » du 21 avril 2011
Partir, partir, qui n’a pas rêvé de partir. Jusqu'à jour où le départ ajourné, c’est la possibilité du départ qui s’en trouvât oblitérée. Rimbaud écrivit un jour : « On ne part pas. Reprenons les chemins d’ici, chargé de mon vice ».
Écrire, écrire à en mourir, quel écrivain n’a pas souhaité que cette injonction devienne le ressort de son existence, et qu’en cette compulsion se profilât le destin d’une vie accomplie. La littérature est un combat pour la plénitude, une manière d’être, qui ne supporte ni l’interruption ni la panne. À quoi bon perdre son temps à composer de belles phrases, disait Sartre, lorsqu’il écrivait son Flaubert, après qu’il eut rompu avec la littérature en 1964. Cette question n’a pas de sens si on se place du point de vue de celui qui écrit. Il est rare que le choix d’écrire soit un choix délibéré. Mais il est encore plus rare que l’acceptation de cesser d’écrire soit l’effet d’une soudaine décision. Aussi, c’est avec un véritable sentiment de curiosité que l’on ouvre le dernier livre d’Alain Nadaud – D’écrire, j’arrête(1). Ce titre est à lui seul une énigme. Il désigne la fin d’un programme de vie, la suspension d’un régime de vie indissociable de l’écriture romanesque. Alain Nadaud est un écrivain confirmé, il a déjà écrit plus d’une vingtaine de livres, il écrit depuis quarante ans, et ce vice lui est venu de l’enfance, durant son internat, à l’heure du coucher, où il se racontait des histoires, afin de trouver le sommeil. Alain Nadaud est un romancier métaphysique qui use de la fiction pour en faire une interprète de l’inconscient…
Quels motifs l’ont poussé à se mettre à la retraite ? Ce choix s’est imposé à lui comme une évidence. Et le livre explique la raison de ce terrassement de l’esprit. Il n’est pas un adieu à la littérature dans le style des Mots de Sartre. Il ne signe pas l’échec d’un projet littéraire, mais celui d’une impossible rencontre avec des lecteurs et des éditeurs censés le soutenir. Il est une méditation active sur ce que l’auteur considère comme un échec, le résultat de son histoire singulière. Il se passe à Tunis, là où vit Alain Nadaud, avec sa compagne Sadika, connue pour sa boutique de verre soufflée et d’artisanat local. Il est une parfaite reconstitution de la vie de l’auteur, habitué à écrire tous les matins. Il commence le jour où il se réveille avec la certitude que sa vie d’écrivain est derrière lui. Chaque chapitre est un éclairage sur l’effet que produit cette décision chez l’écrivain, son entourage, et ses rencontres de fortune. Il y a d’abord la première matinée qui bouleverse l’ordre temporel de la journée. Et celle du chien, habitué à se promener une fois les travaux d’écriture achevés. Il y a la soirée chez des amis où Nadaud teste sa décision. Il y a une réception dans une ambassade où il croise une lectrice de Marc Lévy, Amélie Nothomb, et Guillaume Musso. L’auteur se désespère de l’absence de légitimité de la littérature. Et il prend conscience que d’arrêter d’écrire, comme arrêter de boire, est un vrai travail. Il ne veut pas devenir « un dépendant anonyme ». Il craint d’être dépassé par son suicide symbolique.
Il ne sait pas au début du livre pourquoi il tient absolument à répandre la nouvelle. C’est pourquoi il s’en explique avec un écrivain français de passage. Une femme en l’occurrence que certains reconnaîtront. La scène se passe sur le site des anciens ports puniques. Nadaud est un passionné de l’Antiquité. Mais cette conversation porte surtout sur son dernier roman qui raconte un voyage d’écrivains ratés au Tibet sous occupation Chinoise. « Pourquoi ne tiendrais-je pas compte de l’avertissement que m’adresse la fiction ?» se demande Nadaud. Il apporte la preuve que la fiction n’est pas un simple divertissement et qu’elle a une fonction de vérité.
Ceci n’est qu’un aspect de ce livre riche, écrit au scalpel, et dont on attend malgré tout une suite.
Le dernier livre non publié de Nadaud étant une autobiographie, il est possible d’espérer…
(1) Tarabuste, 13 euros.
Philippe Petit, Marianne (2011)
https://www.marianne.net/debattons/billets/d-ecrire-j-arrete
"Il s'était aperçu qu'il avait vécu dans un état de véritable sujétion vis-à-vis de l'écriture. Comme un prêtre fanatique. Un zélote. Un idolâtre qui se sacrifie à son idole, non pas faite de boit, de pierre ou d'os, mais d'encre et de papier : dans son temple, dont la bibliothèque labyrinthique imaginée par J.-L. Borges est le modèle, s'entassait la totalité des livres écrits depuis les commencements des temps, et à écrire jusqu'à la fin des siècles.
En arrêtant d'écrire, il avait coupé court à cette fantasmagorie. Il avait entamé une cure de désintoxication douloureuse, pleine de doutes et d'austérités, à laquelle rien n'était susceptible d'échapper. Peut-être la disparition de ses certitudes en la toute-puissance de l'écriture, de l'abnégation que supposait cette pratique, de cette morale même qu'elle induisait le rendaient-elles mieux apte à démonter les mécanismes insidieux et pervers de la croyance, à aborder de front la question de l'absence radicale de Dieu.
Pour retrouver le chemin de l'écriture après une déception pareille, il lui aurait fallu un enjeu de taille : à l'image par exemple de la lutte de Jacob avec l'Ange. Ou de ce Maldoror qui ne craignait pas d'outrager la figure même de Dieu."
Extrait "Journal du non-écrire", 2010
Alain Nadaud nous quittait cet été, mais il avait déjà quitté la scène littéraire en 2010 avec son magnifique "D'écrire j'arrête", où devrais-je plutôt dire : il avait "presque" quitté la scène littéraire en 2010. En effet, ce sympathique imposteur nous envoyait encore de ses nouvelles avec ce Journal du non-écrire, en 2014 ; journal qui n'était ni un roman, ni un essai, ni vraiment un journal d'ailleurs... mais un grand livre d'Alain Nadaud, ce qui n'est pas rien, même si bon nombre ne le connaissaient pas, ne le connaissent pas, et, probablement, ne le connaitront jamais. Ses réflexions à la troisième personne donnait un portrait tout de gris d'un auteur désabusé, qui s'éloignait peut-être de son oeuvre, déçu par la littérature, et qui faisait maintenant le choix de la retraite dans la vie sans l'écrit. Comme il le notait "un matin (...) j'avais cessé d'y croire" - après avoir touché le néant par la littérature, Nadaud avait choisi la mort fictive. Il s'était raturé à jamais, retiré du circuit, des alliances et des complicités ; il se rayait lui-même du registre des inscriptions et belles lettres - il pouvait savourer cette gloire en secret. Je la savoure avec lui. Ce journal est une fin de non-recevoir, l'oeuvre de Nadaud tend vers le silence. Un silence assourdissent qui se noie dans le bruit du monde, mais n'en reste pas moins présent, en profondeur.
Yancou, Babelio.com (Mai 2016)
https://www.babelio.com/livres/Nadaud-Journal-du-non-ecrire/639264
Journal du non-écrire d'Alain Nadaud
Un matin, je me suis réveillé: j'avais cessé d'y croire. Un grand silence régnait dans la maison. Comme si la nature entière retenait son souffle. J'ouvris la fenêtre qui donnait sur la mer: le flux s'était retiré au loin pendant la nuit. Moi-même, je me retrouvais comme sur le sable. Quelque chose avait disparu de mon horizon mental, qui me laissait l'esprit vide et le coeur sec. Comme une histoire d'amour dont on revient soudain. Je n'eus pas même besoin d'aller jusqu'au placard: je savais qu'elle avait profité de mon sommeil pour s'éclipser. Ses chaussures à la main, elle était partie sans bruit, emmenant ses affaires et l'espoir où elle m'avait entretenu jusqu'ici. Qu'allais-je faire de moi à présent?
Journal du non-écrire, d'Alain Nadaud
Journal du non-écrire (Tarabuste éditeur, 2013) dresse un portrait en creux de ce qu'est devenue la littérature pour le narrateur. « En prétendant qu'elle est une fiction, martelait-il l'idée que la littérature s'entretient dans l'illusion qu'elle est un monde en soi. Elle cherche à nous faire oublier qu'elle est un pur produit de l'imaginaire humain. A son univers singulier, constitué des ouvrages écrits depuis l'origine des temps, la littérature porte certains d'entre nous à lui faire allégeance en les incitant à devenir écrivains. C'est par l'espoir de cette promotion suprême qu'elle tient à la gorge quelques blancs-becs de notre espèce. Elle continue d'alimenter son rêve d'expansion infinie, auquel nous nous croyons honorés de contribuer en publiant des livres à notre tour. En sacrifiant notre existence à son avènement, nous participons à la formation d'un monde à part, hissé au rang de référence suprême, sorte de sanctuaire factice où tout pourrait se dire. Une zone de non-droit, à l'abri de la censure. »
C'est oublier que la littérature n'a jamais été l'unique fait de l'écrivain. Dans ce va-et-vient entre parole donnée et parole reçue se tissent des réseaux de significations qu'on ne cesse de découvrir. Les bulles spéculatives que produisent les médias, qui cachent plus qu'ils ne donnent à voir, ne sont qu'un leurre de succès. On fabrique la réussite d'un livre. Les lecteurs, s'ils le veulent, entretiennent l'illusion. Ils sont libres de se divertir, de piocher çà et là dans les produits qu'on leur propose... Qui peut croire sincèrement que la gloire donnée et reprise par les grands journaux ou la télévision révèle quoi que ce soit de la qualité d'un auteur? Il arrive pourtant que la lecture échappe à cette entreprise de séduction. La rencontre a lieu, en certaines circonstances, et met en contraste l'imposture et la joie que délivre un livre qui répond à certaines attentes. C'est non pas la vanité du statut de l'auteur qu'on percevra alors, mais une énergie qui circule de lui à nous. L'auteur n'est pas une âme retranchée dans sa tour d'ivoire, il est celui qui crée des liens invisibles, éveillant les aspirations secrètes, mettant à nu des rêves insensés, des espoirs trop longtemps tus. Il y a ceux qui prétendent parler de notre monde et combien sont-ils ennuyeux! Et ceux qui l'évoquent en faisant surgir les images de tout ce dont il nous a privés. L'éveil opère alors, parce que ce qui surgit de cet oubli collectif a une puissance de saisissement dont on ne peut se déprendre. Je lis et je perçois à la fois une forme de révolte mais aussi une ouverture sur des perspectives étonnantes. Ce dont on me parle est nié par notre société et c'est justement parce qu'elle a perdu cette dimension-là que je sens que ce texte m'est nécessaire. Qu'est-ce qui nous fait dire que la vie peut être belle et intense? Le miroir aux alouettes qui fait que l'un se contemple dans les éloges d'un autre?
Journal du non écrire est le constat de l'échec de l'écrivain, alors même que cet écrivain sait que sa production littéraire ne lui appartient plus, mais circule déjà entre nous. A quelle échelle? Faut-il faire la une des journaux comme E. Carrère pour nous convaincre qu'on tient là un bon écrivain? Ne faut-il pas laisser les lecteurs, curieux et discrets, faire leur travail de découverte, dans un rythme lent, très lent, mais certain? Il y a une obstination dans la lecture qui cherche une vibration qui échappe aux lois de la société. Délicate attention qui repère celui qui sait parler de ce et ceux qu'on oublie. Combat des démunis face à un système particulièrement oppressant. Combat de longue haleine: qui pourra empêcher un lecteur amoureux de recommander à un ami un livre qui pourrait bien l'amener à changer son regard sur le monde? Que sait-on de l'effet produit par les libraires résistants ou les bons sites de lecteurs passionnés qui ne cessent de faire le tri, non en fonction de réseaux d'influence mais en suivant l'unique boussole intérieure qui les amène à élire, sans hésiter. L'auteur n'est plus celui qu'on couronne par des prix, par des articles bien placés. Il est celui qui s'en remet à une autre instance, qui travaille dans la durée et secrètement. La littérature n'est pas l'unique fait de celui qui écrit, elle est un monde relié, un dépassement de tous les individualismes, une aventure partagée. La littérature meurt chaque fois que l'égocentrisme d'un individu pris dans des rapports de force le rend aveugle aux liens qui s'établissent au-delà de lui-même autour de l'essence de l'être.
Journal du non-écrire est un acte de rébellion. Silence assourdissant de celui qui n'accepte plus les règles du jeu. C'est s'extraire de la mascarade sociale et interroger la puissance de la parole. Si l'auteur ne sait plus que son cri est entendu, il ne reste qu'un bourdonnement dans les oreilles, un état de stupeur par le fait que les mots tournent en boucle à l'intérieur. Mais qui sait si le lecteur du Journal du non-écriren'entend pas lui-même la puissance de ce qui n'est pas encore dit. On le pressent comme un événement à venir, inéluctable, ravageur. « Il disait: « Je suis seul à m'entendre hurler des choses sous le soleil, qui pourtant ne font pas même lever l'oreille de mon chien, ni s'enfuir les oiseaux de sur les branches. » » Ce qui est de l'ordre de l'invisible se manifeste, à notre insu. Et si l'erreur était de croire que la littérature était la seule réalité, il reste un chemin à parcourir à rebours. Ne plus croire que le verbe suffit à incarner et découvrir le monde en observant et en se taisant.
Journal du non-écrire est aussi une élucubration. « La littérature n'est jamais que le succédané élégant, élitiste de le religion. Sa version laïque en quelque sorte. Les grands prêtres en sont les éditeurs et les journalistes. Les fidèles lecteurs communient par articles de presse interposés dans le culte du grand écrivain, dont ils font les louanges. Cette vénération s'entretient des histoires que celui-ci leur invente à dessein ». C'est une vue de l'esprit qui tente de cerner ce en quoi on a cru et ce faisant, crée une construction pyramidale, avec au sommet un Dieu manquant. Religion ou littérature, pourquoi penser que croire implique l'existence d'une instance supérieure à laquelle se référer? Et même l'existence d'une institution qui attribuerait à chacun un rôle à jouer? L'auteur ne sort pas d'une vision assez conformiste du monde. Croire en Dieu, en la littérature ou en tout autre chose, est avant tout une expérience. Tout comme ne plus croire en est une autre. Le lecteur, dégagé de toute pression médiatique, pourrait tout aussi bien se régaler de ce qu'il lit même si cela n'a pas été béni par les grands prêtres. Dieu comme la littérature pourrait être partout où on ne l'attend pas, là où l'ambition a déserté, dans un espace inaccessible à la comédie humaine.
C'est la limite qu'Alain Nadaud ne franchit pas. A regarder le monde tel qu'il est, il en oublie ce qui lui échappe. Les îlots de résistances intérieures, les reconquêtes secrètes des aspirations qui nous font aimer vivre.
La littérature n'est plus une fiction dès lors qu'elle est en pure médiation. L'auteur n'a pas plus d'importance que le lecteur. Ce qui compte en définitive c'est que circule entre eux, grâce au livre, une énergie, l'équivalent d'une nourriture spirituelle, dont personne ne pourra évaluer la qualité. On écrit pour ce lecteur qu'on nourrit et rassasie, sans le connaître, pour ce lien invisible, qui n'est pas fictif mais bien réel et se tisse en dépit du cynisme environnant. Encore faut-il admettre de ne pas savoir si la rencontre a eu lieu ou pas. Et quand elle aura lieu. C'est choisir de faire confiance. Et accepter de vivre totalement une aventure aussi incertaine que déroutante.
Valérie Rossignol, Les Corps célestes
https://lescorpscelestes.fr/journal-du-non-ecrire-d-alain-nadaud/
Qu'est-ce qu'on a dit du bon Dieu?
— sur une lacune de Michel Onfray
Comme Alain Nadaud publie "Dieu est une fiction", on lui a demandé en quoi son essai se distingue du "Traité d’athéologie" de Michel Onfray. Voici sa réponse.
Source: Le Nouvel Observateur Mai 2014
Dans son ouvrage, Michel Onfray expédie en une demi-page le sujet précisément traité par «Dieu est une fiction»: «La confection de ces livres dits saints relève des lois les plus élémentaires de l’histoire. On devrait [1] aborder tout ce corpus avec l’œil philologique, historique, philosophique, symbolique, allégorique, et tout autre qualificatif qui dispense de croire ces textes inspirés et produits sous la dictée de Dieu. Aucun de ces livres n’est révélé.» (p. 107-108)
On devrait ! dit-il. Eh, oui ! Tout à son idéologie libertaire, Michel Onfray se livre, au nom de sa défense de l’hédonisme, à une charge frontale, violente et polémique contre la morale répressive qu’impliquent les monothéismes. Et il a raison. Mais, ce faisant, il se laisse emporter et néglige la seule démonstration qui vaille – et qu’il énonce ci-dessus –, en ce qu’elle contient toutes les autres. Son tort est donc de se placer à l’intérieur de ce qui s’est déjà constitué comme fiction: dès lors, il n’en finit plus de dénoncer ce qui est absurde dans la religion.
Onfray travaille vite, ferraille dans toutes les directions, dénonce les abus avec un bon sens, et même de l’humour parfois, sans ménager ses piques. Je reconnais que ses critique sont pertinentes – un philosophe ne peut faire moins qu’avoir raison de ce qui est irrationnel par essence ! Mais c’est un fatras dont on ressort tout étourdi. Son bouquin fait trois cents pages, mais aurait pu en faire mille. La croyance est une hydre à cent têtes, lesquelles repoussent à mesure qu’on les tranche.
Onfray peut tant qu’il veut charger les moulins à vent de la fiction, il reste dans le cadre de la fiction. Il argumente, textes à l’appui, et, de ce fait, entre dans la logique pernicieuse de l’exégèse, matière à controverse, objet de la deuxième partie de mon livre, où il est justement question de cette littérature interminable chargée de compenser les manques et les contradictions des textes sacrés, précisément pour faire oublier qu’ils sont de pures créations littéraires.
Combien il est dérisoire et contre-productif de s’attaquer aux objets nés de la croyance: rites, édifices, pratiques artistiques, façons de se nourrir et de se comporter, etc. Mon propos est donc plus simple. Il s’agit de s’en prendre non pas aux trois monothéismes mais au fondement même de ce qui porte à croire. Or, la croyance en Dieu repose principalement sur des textes, dits sacrés.
L’important consiste donc à se placer en amont, au moment de la genèse de ceux-ci, quand commencent à s’énoncer et à prendre forme les invraisemblances qu’ils contiennent; à se mettre à la place de ces écrivains qui, même s’ils n’en ont pas encore le nom, rivalisent d’ingéniosité pour étayer leurs fantasmagories – ou celles de leurs prédécesseurs –, et leur donner un tour crédible. Du coup, je fais gagner du temps; je désamorce et court-circuite d’avance la polémique puisque celle-ci ne portera jamais que sur des faits qui, même si on s’est efforcé de leur donner un tour réel, n’en procèdent pas moins à l’origine d’histoires totalement inventées.
A partir de l’animisme, en passant par les mythes grecs pour aboutir aux monothéismes que l’on connaît, c’est justement l’examen de l’élaboration de ce rempart imaginaire dressé contre la peur de la mort qui apporte la preuve du caractère fictif de ces textes, et par conséquent de la non-existence de Dieu. Et cela, seul un écrivain, de l’intérieur du processus qui l’a par ailleurs conduit à écrire des romans, avait quelque chance d’en démonter le mécanisme.
Alain Nadaud
Dieu est une fiction : essai sur les origines de la croyance,
par Alain Nadaud, Ed. Serge Safran, 278 p., 19 euros.
[1] C’est moi qui souligne.