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D'écrire j'arrête

Alain Nadaud

D'écrire j'arrête

2010

Articles de presse
AlainNadaudDecrireJarrete alainnadaud.com

Editions Tarabuste, 2010
Roman, 133 p.

Première matinée
Vers neuf heures, Sadika et moi sortons de la cuisine, où nous avons pris le petit-déjeuner. Au lieu de me diriger vers la chambre, dont la partie droite me sert de bureau, j'ouvre la porte-fenêtre qui donne sur le perron. Pourtant, c'est l'heure où, d'habitude, je m'installe à ma table de travail pour écrire.
Le battant de la porte comme à chaque fois grince sur ses gonds. Le temps fraîchit. Il ne fait pas très beau. Le ciel est légèrement voilé. Il commence à y avoir un peu de vent. Des nuages blancs courent sur l'horizon.
Je détache la laisse du chien qui pend au battant du volet. Sadika, qui se rend au même moment à son atelier, me rejoint sur le seuil.
Elle dit : “Tiens ! Tu n'écris pas aujourd'hui ?
Je réponds : Non, j'ai pris la décision d'arrêter d'écrire.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ?
- Oui, tu as bien entendu. A partir d'aujourd'hui, j'ai décidé d'arrêter d'écrire.
- Et ça t'a pris comme ça !
- Oui, cette nuit. Cette décision m'est apparue d'un coup, comme une évidence.
- Bon, on en reparle au déjeuner, d'accord ?
- Comme tu voudras."

Articles de presse

 

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Podcast - D'écrire j'arrête , d'Alain Nadaud (Tarabuste) 2011

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https://www.franceculture.fr/emissions/lessai-du-jour-10-11/decrire-jarrete-dalain-nadaud-tarabuste

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Ce petit récit a paru en même temps que la Plage des demoiselles (éditions Léo Scheer) et Comment je ne suis jamais devenu écrivain, une nouvelle insérée dans la Revue littéraire. Les deux livres abordent la question de l’écriture. D’abord la poussée qui y conduisit, puis l’affaiblissement de celle-ci, quarante années plus tard. Le texte court s’intéresse au statut improbable de l’écrivain. Alain Nadaud interroge donc ici le littéraire. Comme mode d’appréhension et de figuration symbolique du vécu, à la fois nécessaire et sujet à caution. Et comme marqueur social. (...)

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C’est à une véritable archéologie de l’acte créateur qu’Alain Nadaud ici se livre. En débusquant ses motivations et démêlant sa complexité. Si la question habite tous ses romans, elle n’avait jamais à ce point franchit le cap de l’explicite.

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On aura évidemment remarqué que Nadaud recourt à un livre pour annoncer son arrêt, selon une très classique stratégie de mise en abyme. D’écrire j’arrête, récit de la sortie de l’écriture, ne peut donc que faire revenir celle-ci. En douterait-on, que son titre délibérément, presque caricaturalement chantourné, en assène la certitude. Un beau matin, il se retrouve à sa table de travail, aussi naturellement qu’il s’en était écarté quelques semaines plus tôt. Parce que l’interruption et la reprise ne procèdent pas d’un décret. Parce que l’écriture n’est pas une activité ordinaire, mais un processus lié à l’être profond.


Jean-claude Lebrun, L'Humanité

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[Tendance] Ceux qui arrêtent d'écrire

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Il s’appelle Alain Nadaud. Les plus cultivés le confondent avec Maurice Nadeau, de "la Quinzaine littéraire". Il vient de signer un livre où il déclare en couverture : "D’écrire j’arrête".

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Un écrivain de 63 ans qui jette l'éponge, ça n'intéresse personne. Il vient en effet de signer chez Tarabuste, petit éditeur de l'Indre, un livre où il déclare en couverture : « D'écrire j'arrête » (13 euros), et nul ne daigne s'en faire l'écho. Un grand silence au parfum d'indifférence accompagne sa claironnante traversée du désert. S'il lui fallait une preuve de l'oubli où l'époque l'a déjà relégué, il vient de la trouver.

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Son oeuvre compte pourtant une trentaine de romans, de nouvelles, d'essais, de récits, publiés depuis trente ans chez de grands éditeurs, Denoël, Le Seuil, Grasset ou Albin Michel. Mais plus le temps a passé, moins on a lu l'aventureux, le passionnant auteur de « la Tache aveugle » et d'« Archéologie du zéro », adoubé à ses débuts par Roland Barthes. Les critiques qui l'avaient salué l'ont peu à peu négligé sans même penser à le regretter.

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Il s'appelle Alain Nadaud. Les plus cultivés le confondent avec Maurice Nadeau, de «la Quinzaine littéraire», ou se souviennent l'avoir aperçu, jadis, à «Apostrophes». Les autres s'excusent, devant lui, de ne lire que «Marc Levy, Amélie Nothomb, Paulo Coelho et Guillaume Musso». Lui-même reconnaît n'avoir été ni à la mode ni commercial. Trop fier pour se vendre, trop modeste pour qu'on l'achète.

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Il a d'ailleurs quitté Paris pour vivre à Carthage, auprès d'une compagne qui travaille le verre soufflé. C'est à elle qu'il déclara, un matin : «J'ai décidé d'arrêter d'écrire.» Sauf ce livre, sorte d'anti-«Paludes», où il raconte pourquoi il fait ses adieux à son sacerdoce, pourtant sa raison de vivre, et rappelle que les cimetières sont pleins d'auteurs irremplaçables.

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Cet émouvant autoportrait se double d'une satire gidienne de la société littéraire qui plébiscite les euphoriques surproductifs et prie les auteurs dépressifs de dégager fissa. Lisez ce petit récit désabusé, et vous aurez envie de découvrir les livres précédents de Nadaud afin, peut-être, qu'il revienne sur sa décision.

Jérôme Garcin

Source : « Le Nouvel Observateur » du 21 avril 2011

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Partir, partir, qui n’a pas rêvé de partir. Jusqu'à jour où le départ ajourné, c’est la possibilité du départ qui s’en trouvât oblitérée. Rimbaud écrivit un jour : « On ne part pas. Reprenons les chemins d’ici, chargé de mon vice ».

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Écrire, écrire à en mourir, quel écrivain n’a pas souhaité que cette injonction devienne le ressort de son existence, et qu’en cette compulsion se profilât le destin d’une vie accomplie. La littérature est un combat pour la plénitude, une manière d’être, qui ne supporte ni l’interruption ni la panne. À quoi bon perdre son temps à composer de belles phrases, disait Sartre, lorsqu’il écrivait son Flaubert, après qu’il eut rompu avec la littérature en 1964. Cette question n’a pas de sens si on se place du point de vue de celui qui écrit. Il est rare que le choix d’écrire soit un choix délibéré. Mais il est encore plus rare que l’acceptation de cesser d’écrire soit l’effet d’une soudaine décision. Aussi, c’est avec un véritable sentiment de curiosité que l’on ouvre le dernier livre d’Alain Nadaud –  D’écrire, j’arrête(1). Ce titre est à lui seul une énigme. Il désigne la fin d’un programme de vie, la suspension d’un régime de vie indissociable de l’écriture romanesque. Alain Nadaud est un écrivain confirmé, il a déjà écrit plus d’une vingtaine de livres, il écrit depuis quarante ans, et ce vice lui est venu de l’enfance, durant son internat, à l’heure du coucher, où il se racontait des histoires, afin de trouver le sommeil. Alain Nadaud est un romancier métaphysique qui use de la fiction pour en faire une interprète de l’inconscient…

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Quels motifs l’ont poussé à se mettre à la retraite ? Ce choix s’est imposé à lui comme une évidence. Et le livre explique la raison de ce terrassement de l’esprit. Il n’est pas un adieu à la littérature dans le style des Mots de Sartre. Il ne signe pas l’échec d’un projet littéraire, mais celui d’une impossible rencontre avec des lecteurs et des éditeurs censés le soutenir. Il est une méditation active sur ce que l’auteur considère comme un échec, le résultat de son histoire singulière. Il se passe à Tunis, là où vit Alain Nadaud, avec sa compagne Sadika, connue pour sa boutique de verre soufflée et d’artisanat local. Il est une parfaite reconstitution de la vie de l’auteur, habitué à écrire tous les matins. Il commence le jour où il se réveille avec la certitude que sa vie d’écrivain est derrière lui. Chaque chapitre est un éclairage sur l’effet que produit cette décision chez l’écrivain, son entourage, et ses rencontres de fortune. Il y a d’abord la première matinée qui bouleverse l’ordre temporel de la journée. Et celle du chien, habitué à se promener une fois les travaux d’écriture achevés. Il y a la soirée chez des amis où Nadaud teste sa décision. Il y a une réception dans une ambassade où il croise une lectrice de Marc Lévy, Amélie Nothomb, et Guillaume Musso. L’auteur se désespère de l’absence de légitimité de la littérature. Et il prend conscience que d’arrêter d’écrire, comme arrêter de boire, est un vrai travail. Il ne veut pas devenir « un dépendant anonyme ». Il craint d’être dépassé par son suicide symbolique.

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Il ne sait pas au début du livre pourquoi il tient absolument à répandre la nouvelle. C’est pourquoi il s’en explique avec un écrivain français de passage. Une femme en l’occurrence que certains reconnaîtront. La scène se passe sur le site des anciens ports puniques. Nadaud est un passionné de l’Antiquité. Mais cette conversation porte surtout sur son dernier roman qui raconte un voyage d’écrivains ratés au Tibet sous occupation Chinoise. « Pourquoi ne tiendrais-je pas compte de l’avertissement que m’adresse la fiction ?» se demande Nadaud. Il apporte la preuve que la fiction n’est pas un simple divertissement et qu’elle a une fonction de vérité.

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Ceci n’est qu’un aspect de ce livre riche, écrit au scalpel, et dont on attend malgré tout une suite.

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Le dernier livre non publié de Nadaud étant une autobiographie, il est possible d’espérer… 

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(1) Tarabuste, 13 euros.

Philippe Petit, Marianne (2011)

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https://www.marianne.net/debattons/billets/d-ecrire-j-arrete

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Architexture, Alain Nadaud, alainnadaud.com

Bibliographie

La tache aveugle, Alain Nadaud, alainnadaud.com
La tache
aveugle

Alain Nadaud

1980

Le maître du temps, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Le maître du temps
(en construction)

Alain Nadaud

1981

Archéologie du zéro, Alain Nadaud, alainnadaud.com
L'archéologie
du zéro

Alain Nadaud

1984

L'envers du temps, Alain Nadaud, alainnadaud.com
L'envers du temps

Alain Nadaud

1985

L'armoire de bibliothèque, Alain Nadaud, alainnadaud.com
L'armoire de bibliothèque
(en construction)

Alain Nadaud

1985

Voyage au pays des bords du gouffre, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Voyage au pays des bords du gouffre

Alain Nadaud

1986

Désert physique, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Désert
physique

Alain Nadaud

1987

L'iconoclaste, Alain Nadaud, alainnadaud.com
L'Iconoclaste

Alain Nadaud

1989

Ivre de livres, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Ivre de livres

Alain Nadaud

1989

Quai Voltaire, revue littéraire, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Quai Voltaire,
revue littéraire

Alain Nadaud

1991 - 1994

La mémoire d'Érostratem Alain Nadaud, alainnadaud.com
La mémoire d'Érostrate

Alain Nadaud

1992

Malaise dans la littérature, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Malaise dans la littérature

Alain Nadaud

1993

Le livre des malédictions, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Le livre des malédictions

Alain Nadaud

1995

L'iconolâtre, Alain Nadaud, alainnadaud.com
L'Iconolâtre
(en construction)

Alain Nadaud

1995

Auguste fulminant, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Auguste fulminant

Alain Nadaud

1997

Petit catalogue des nations barbares, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Petit catalogue des nations barbares

Alain Nadaud

1999

Une aventure sentimentale, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Une aventure sentimentale

Alain Nadaud

1999

La fonte des glaces, Alain Nadaud, alainnadaud.com
La fonte
des glaces

Alain Nadaud

2000

Anneesmortes.jpg
Les années mortes
(autobiographie)

Alain Nadaud

2004

La plage des demoisells, Alain Nadaud, alainnadaud.com
La plage des demoiselles
(autobiographie)

Alain Nadaud

2010

Aux portes des enfers, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Aux portes des enfers

Alain Nadaud

2004

Le vacillement du monde, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Le vacillement du monde

Alain Nadaud

2006

Si Dieu existe, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Si Dieu existe

Alain Nadaud

2007

Le passage du col, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Le passage du col

Alain Nadaud

2009

D'écrire j'arrête, Alain Nadaud, alainnadaud.com
D'écrire 
j'arrête

Alain Nadaud

2010

Journal du non-écrire, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Journal du 
non-écrire

Alain Nadaud

2014

Dieu est une fiction, Alain Nadaud, alainnadaud.com
Dieu est une
fiction

Alain Nadaud

2014

L'herbier des mythes, Alain Nadaud, alainnadaud.com
L'herbier des mythes
(posthume)

Alain Nadaud

2017

Alain_Nadaud-Passage du col.jpg
Bibliographie

Alain Nadaud

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